[Marsinfo, 22 novembre 2023]
Non aux Jeux Olympiques, ni ici ni ailleurs !
À Paris, en Seine-St-Denis, à Marseille, et partout ailleurs, on aimerait que les JO tournent à la cata pour ses organisateurs et pour l’état. Que cette grande fête des nationalismes et du business sportif ne se passe pas tranquilou !
Qu’on en finisse avec cette mise en scène glauque du dépassement de soi pour un État, pour une médaille, pour un fucking record. Crève cette mise en valeur de la productivité des corps.
Que la rage sorte face à cet étalage de thunes et de moyens, alors que c’est de plus en plus la galère pour s’en sortir. Et alors que, sous prétexte des JO, c’est des quartiers entiers qui se font bulldozeriser et vider de leurs habitant.e.s les plus pauvres.
Les JO sont un exemple parmi d’autres de méga divertissement qui voudraient nous faire gober que ce monde n’est pas si pourri. Mais ce n’est pas des athlètes qui courent en rond qui vont nous faire oublier que cette société est bâtie sur le contrôle, l’exploitation et la dévastation.
Alors au lieu de se réjouir des exploits sportifs de « nos » athlètes, on pourrait plutôt se demander comment mettre fin à cette mauvaise farce non ?
Et quitte à faire du sport, autant s’amuser en prime !
Les JO : une fête qui pue l’arnaque !
Plusieurs mois avant les Jeux Olympiques et paralympiques 2024 on voit déjà la propagande se mettre en route : nous sommes tous.tes appelé.e.s à nous réjouir que cette merde se passe par ici. La grande messe du nationalisme est lancée et c’est derrière le drapeau qu’on est censé.e.s trouver espoir et joie collective.
Nous, on ne voit pas du tout ça comme un événement exceptionnel mais plutôt comme un condensé de ce que le capitalisme a à nous offrir : de l’adrénaline derrière des écrans, de l’identification à des personnes qu’on ne connaît pas, de la joie collective forte, très rapide et très addictive au milieu d’un quotidien lisse, morne, ennuyeux à mourir (ou à rendre con).
Ça ne nous divertit pas de regarder des personnes poussées à bout dans leurs limites pour être compétitives, des corps cassés, dopés, normés, valides jusqu’à en avoir la gerbe.
Ça court, toujours plus vite, toujours plus fort. Mais ici le dépassement de soi n’est pas vu comme un moyen. Pour se faire plaisir, pour s’émanciper, pour se défendre ou pour survivre. Non, le seul but, la performance. Un dévouement absurde pour trouver de la reconnaissance et de la thune (comme dans tout taff finalement).
Et à chaque événement sportif international la chanson se répète comme un mauvais tube : l’appel à la victoire du pays, le sentiment guerrier face au concurrent, le drapeau bleu-blanc-rouge
comme signe de ralliement. La flamme nationaliste doit être bien entretenue (nous on lui pisse dessus !). Que chacun.e se sente concerné.es par la victoire du pays. Sportifs, soldats, ouvriers, toustes derrière le drapeau !
Tout ça dans une période où c’est de plus en plus la galère pour vivre, où le capitalisme se fait clairement prédateur : exploitation au travail perte d’autonomies et de libertés, destruction de l’environnement, attaque de tout ce qui est non-productif, hors-norme, émancipateur.
Comme d’hab, le divertissement de masse sert à faire diversion, à dissoudre la colère qui pourrait exploser contre l’État et les capitalistes. Donner une sensation de bouffée d’air pour pas suffoquer complètement dans ce monde pourri, pour nous faire accepter de continuer à le faire fonctionner. Cette loi c’est les JO qui promettent du rêve, mais l’agenda des compétitions est déjà bien plein : coupes du monde, le tour de France, Roland Garros, festival de Cannes, Miss France, etc. Un rythme infernal pour bien nous garder en haleine !
Mais ça ne marche pas toujours et au milieu de cette grisaille il arrive quand même que la rage s’exprime très fort. Comme pendant les émeutes de juillet dernier.
Vive alors les troubles-fête en tout genre, celles et ceux qui cherchent à se réjouir de leur propre manière et désertent la place de spectateur.
Que des sabotages joyeux viennent crever l’écran de cette misère ! Vive les manifs, émeutes et bordels divers qui mettent à bas la paix sociale bourgeoise ! Qu’à toute échelle et de plein de manières différentes on puisse avoir la sensation d’être encore vivant en désobéissant et en attaquant la machine capitaliste.
Des gâche-la-fête
JO et surveillance
Avec l’attention sur le pays que les jeux vont amener, l’État français va devoir prouver sa capacité à maintenir l’ordre dans les stades et dans les rues. Le budget rien que pour la sécurité des jeux est de 295 millions d’euros, ça en dit long sur le programme…
Les JO sont l’occasion pour le gouvernement pour tester et faire accepter de nouvelles formes de contrôle. Le côté exceptionnel de l’événement permet de justifier et ainsi rendre acceptable des mesures qui en temps « normal » ne le seraient pas, ou difficilement.
D’ici à l’été 2024 c’est encore plus de caméras qui vont être installées dans les rues pour l’occasion : + 1000 à Paris, + 500 à St Denis, + 330 à Marseille.
Ce déploiement va avec la mise en place de la vidéosurveillance automatisée (VSA) à titre expérimental pendant ces JO (et ce jusqu’en mars 2025). La VSA est une technologie qui utilise des algorithmes et des données biométriques pour détecter des comportements dits suspects sur les vidéos enregistrées. Ce qui permet de ne plus dépendre du « bon » travail des keufs qui regardent les caméras, mais de compter sur les logiciels pour faire le sale boulot d’analyser ces tas de données.
Du côté du privé, les JOP vont permettre aux entreprises françaises spécialisées dans la répression de faire leur pub, utilisant les jeux comme une vitrine grandeur nature du « made in fRance » sécuritaire. Et ces jeux vont aussi offrir aux sociétés privées de sécurité une place de choix dans le maintien de l’ordre, dans un contexte où elles sont déjà de plus en plus intégrées au système policier. Elles vont avoir beaucoup plus d’effectifs et elles vont aussi gagner une plus grande marge de manœuvre dans ce qu’elles ont le droit de faire.
On imagine bien que ces mesures soi-disant exceptionnelles ne vont pas s’arrêter après les deux semaines de l’événement. Ça fait d’ailleurs partie de l’« Héritage » assumé par le comité d’orga des JO. Les crises ou moments exceptionnels permettent de faire avancer d’un cran la répression. Comme pendant la crise du Covid où certaines mesures de contrôle (notamment technologiques) légitimées par la pandémie se sont inscrites pour de bon à l’hôpital ou dans nos vies en général.
Virer la misère
Partout où ils ont lieux, les JOP participent à dégager les indésirables : les gens à la rue, les personnes exilé.e.s, les pauvres, les putes. Il faut faire place nette pour que les touristes bourgeois puissent profiter pleinement et en toute sécurité. À Paris et en Seine-St-Denis ce sont des expulsions de squats, de campements et de foyers de travailleur.euse.s. Ou encore un harcèlement policier quotidien pour virer celles et ceux qui font tâche dans le projet olympique. En envoyant notamment les exilé.e.s dans des centres temporaires (SAS) situés en-dehors de l’Ile-de-France.
Tout ça donc dans la continuité de politiques racistes, d’assassinats et violences policières et de chasse aux migrant.e.s.
Les jeux c’est aussi la gentrification à vitesse grand V de zones déjà dans le viseur. Les infrastructures qui vont être construites pour l’évènement visent, sur le long terme, à rendre le « territoire » plus attractif pour les entreprises et des populations plus riches. Les loyers augmentent et les quartiers ne sont plus accessibles pour les personnes qui habitaient là.
Et le BTP en profite pour s’en mettre plein les poches et exploiter sans limites les personnes précaires. Il y a de nombreux accidents sur les chantiers des JOP, dont des graves et avec une personne qui est décédée en juin 2023. Et tout ces chantiers participent gaiement au changement climatique et au grand ravage en cours des écosystèmes et espaces encore un peu vivants.
Alors crève les JO ! Ni ici ni ailleurs !