Indymedia Lille, 22 février 2024
Ces derniers jours les sièges de la Cimade, de l’Assfam (Groupe SOS) et de France Terre d’Asile, tous situés à Paris, ont été joliment redécorés. Leurs devantures ont été taguées et des affiches y ont été collées. On pouvait y lire « l’Etat enferme, la Cimade collabore », « Assfam complice », « Feu aux CRA » ou encore « Ni à Olivet ni ailleurs, non à la collaboration dans les CRA » !
Ces trois asso, comme Forum réfugiés et Solidarité Mayotte, sont payées par l’Etat pour intervenir en centres de rétention administrative (CRA) auprès des retenu.e.s. Elles collaborent ainsi à la politique raciste du gouvernement. Elles méritaient donc, comme toutes les boites qui se font des thunes sur l’enfermement, une petite visite.
Une visite d’autant plus méritée qu’en 2024 l’état renouvelle son appel d’offre pour les associations en CRA. Lors de la dernière session en 2020, elles s’étaient partagées près de 24 millions d’euros. Ces asso ont donc le choix : soit elles continuent à servir de caution humanitaires dans les CRA, soit elles cessent d’y intervenir.
Après avoir critiqué et manifesté contre la loi Darmanin, vont-elles renoncer à travailler pour ce qui est le réel objectif de ce texte : enfermer et expulser toujours plus de personnes étrangères ? Ou finalement les millions d’euros versés par l’Etat pour leur « mission », vont-ils suffir à leur faire fermer leur gueule et continuer comme si de rien n’était ?
La réponse est facile à deviner. Nul doute que les asso ne manqueront pas d’arguments du type « on sert à aider les personnes enfermées », « si ce n’est pas nous ce sera une autre asso »… tout ça pour s’autopersuader que ce ne sont pas des charognards qui se paient sur le dos des retenu.e.s.
Pour la seule année 2024, les cinq associations en CRA vont se partager quelques 10 millions d’euros. Pour cette somme que font-elles ? Elle servent à apporter une « aide » juridique et administrative aux retenu.es, en leur expliquant leurs « droits », en faisant quelques demandes de mise en liberté ou en les aidant parfois à faire appel contre la décision prise par un juge des libertés et de la détention… Bref, elles ne servent pas à grand chose. Et on ne les entend jamais ou presque pour dénoncer les violences policières (tabassage, mise à l’isolement, racisme…) et médicales (refus de soins, cachetonage…) qui ont lieu tous les jours dans les centres de rétention.
Les assos en CRA ?
C’est la Cimade, qui en 2023 a exercé son droit de retrait au CRA du Mesnil Amelot en raison de l’ « aggravation des conditions de rétention » et des « expulsions illégales », mais qui au bout de deux mois a bien sagemment réintégré le centre.
C’est l’Assfam qui au CRA de Vincennes a tenté de cacher la mort de M. en mai 2023, après qu’il ait été tabassé par les flics. C’est aussi l’Assfam qui attend 15 jours, en septembre, pour évoquer la mort d’un autre retenu et ne juge pas bon d’informer les autres prisonniers. Un communiqué signé par une soixantaine de prisonniers dénonçait encore il y a quelque semaines le rôle de l’asso : « Assfam complice ».
C’est France Terre d’Asile, qu’on entend pas alors qu’au CRA de Plaisir les retenus racontent que des personnes enfermées gravement malades sont privées de soins, et qui a gagné le droit de collaborer au CRA tout neuf de Olivet, un des 10 nouveaux annoncé par l’état.
- Le mieux c’est de demander aux premier.e.s intéressé.e.s ce qu’ils et elles pensent de ces assos :
« Quand tu demandes un truc à l’Assfam, ils te répondent pas ils te prennent pour un débile. »
« L’Assfam, ils sont trop bizarres, ils disent qu’ils sont là pour toi, qu’ils peuvent t’aider, mais en fait ils ne font rien, ils ne servent à rien. L’autre jour je leur ai demandé de téléphoner à mon assistante sociale et à l’association où j’étais hébergé avant d’arriver au CRA. Ils ont refusé. Nous on pense qu’ils sont là pour nous piéger. »
« L’Assfam ils ne sont pas avec nous, ils sont du côté de la police » (en parlant de violences policières et du fait que ce n’est pas possible de demander de l’aide à l’assfam)
« La Cimade on dirait ils ont peur de la police. Quand ils m’ont donné la feuille pour la plainte, ils m’ont dit « dis à personne que tu vas faire un certificat pour porter plainte contre la police ».
De part leur présence, les associations cautionnent l’enfermement et collaborent à la politique raciste de l’état français. Tout ça pour quelques millions d’euros.
A bas l’enfermement et ceux qui en profitent !
Feu aux CRA !