Saint-Basile-le-Grand (Québec) : des tapis à clous contre le chantier d’usine de batteries [MàJ]

Attaquons Northvolt, toujours, partout
Montreal contre-information, 28 février 2024

Des anarchistes ont encore attaqué la machine de destruction capitaliste sur le site de Northvolt. Des pics d’acier ont été mis en place sur les différents chemins utilisés par la machinerie. En plus, de nouveaux clous ont été mis dans des arbres, cette fois sans les identifier, pour maximiser le potentiel de destruction sur la machinerie écocidaire. Les personnes ayant fait l’action n’ont pas peur de se faire prendre. Même si c’était le cas, elles demanderaient d’être jugées par leurs pairs. Par les tortues molles à épines, les petits blongios et les chevaliers cuivrés. Par toutes les espèces qui meurent parce que la destruction de la planète, c’est payant en crisse.

En effet, pour maintenir la croissance économique capitaliste, ça prend des bungalows de banlieue pitoyables de plus en plus grands et des chars de plus en plus gros. Pendant ce temps, on se ferme les les yeux et on se laisse bercer par les comptines des capitalistes qui prétendent que les chars électriques réduisent les émissions de gaz à effet de serre. Sous le prétexte hypocrite de la protection de l’environnement, L’État et ses amis des industries tentent un sauvetage désespéré de l’industrie automobile. Pour qu’elle survive après 2035, le moment où le fédéral interdira la vente de chars au gaz, ils remplacent les chars au gaz par des chars électriques. Les gouvernements s’arrangent alors pour réduire le prix des chars électriques, par des subventions directes et indirectes, pour qu’ils restent accessibles à la classe moyenne. Bref, la filière batterie, c’est le pillage des fonds verts par les gouvernements pour financer la croissance économique, pour permettre à l’industrie automobile de survivre aux changements climatiques qu’elle a causés. Le développement de la filière batterie, c’est pour qu’on continue de vivre dans des villes bruyantes, désagréables, dangereuses, où les centres-villes ont été transformés en autoroutes et en stationnements. Les anarchistes ne veulent rien savoir de leur monde, et c’est pour ca qu’iels tenaient à crisser une pelletée de sable supplémentaire dans ses engrenages.

Et il faut se rappeller que le char électrique, ce n’est qu’en ville qu’il peut prétendre être vert. Tout autour, ce sont les mines, toujours sur des terres autochtones, partout dans le monde. C’est la raffinerie toxique de Rouyn-Noranda. Ce sont les extensions de ports le long du fleuve Saint-Laurent. De l’Afrique à l’Amérique du sud, ce sont les exécutions contre les syndicalistes et les défeuseur·euse·s de la nature effectués au nom des minières canadiennes. À défendre la nature ici, on ne risque pas la mort. Se servir de nos privilèges pour défendre les plus vulnérables, ça veut dire agir ici. C’est un problème causé par les blancs, et il est grand temps qu’on prenne nos responsabilités.

C’était un moment triste pour faire une action. Sur le site de Northvolt, il reste à peine quelques arbres, dont ceux qui étaient identifiés comme ayant été la cible de cloutage la dernière fois. C’est donc dire que l’action directe fonctionne. En effet, ces clous ont probablement fait plus pour la protection de la biodiversité que la COP15, et toute la ribambelle d’autres COP. On voit clairement en action les mécanismes de compensation ridicules pour la biodiversité: d’un côté, on déboise massivement, alors que dans 4-5-6 ans, ou quand on aura le temps, on plantera une monoculture d’épinette noire sur 20 hectares, une armée de petits arbres en rangées qui seront coupés – de quoi faire du papier toilette à peine assez solide pour qu’on puisse se torcher avec, ne vous demandez pas pourquoi vos doigts passent en travers. D’un côté on remblaie les milieux humides, alors que dans 4-5-6 ans, ou quand on aura le temps, on creusera un trou dans un spot de sable pour y mettre deux-trois poissons et algues, pour se donner une tape dans le dos. On créera un étang à un autre endroit pour les animaux déjà emportés. Des animaux morts dans une flaque d’eau, c’est au mieux une soupe, ça ne pourra jamais compenser un écosystème vivant. Et ça, c’est s’il y a effectivement compensation, parce que c’est la première chose qui sera coupée si la rentabilité est menacée.

La lutte contre Northvolt ne fait que commencer. Il reste encore 2 ans avant la mise en service de l’usine. Les marges de profits ne seront pas extravagantes. Les coûts en sécurité, en relations publiques, en gestion de crise commencent déjà à s’accumuler. Déjà, l’image de la compagnie est fortement entachée, et il y a fort à parier que les investisseur·euse·s déchantent. Il reste encore 2 ans pour lutter et l’ennemi est vulnérable. On entre encore sur le terrain comme dans une passoire: on ne peut pas protéger plus d’un kilomètre carré avec quelques clôtures rouillées ainsi qu’un garde de sécu immobile qui joue à 2048 et qui fait dodo dans son auto. Les sous-traitant·e·s risquent de reconsidérer leurs relations étant donné les dangers encourus. Il ne faut pas les laisser aller. Le site de Northvolt avait été saccagé pour l’usine de CIL, mais la nature a repris ses droits. Continuons le combat jusqu’à ce que la vie revienne.


Des militants utilisent des «tapis cloutés» pour stopper
les travaux de Northvolt
Le Devoir/La Presse (Canada), 28 février 2024

La Régie intermunicipale de police Richelieu–Saint-Laurent a ouvert une enquête après que des individus ont à nouveau commis des actes de vandalisme en posant des tapis à clous sur le chantier [de la giga-usine de batteries lithium-ion destinées à l’industrie automobile nord-américaine] de Northvolt en Montérégie.

« En vue de mettre fin au remblaiement des milieux humides sur le site de Northvolt et de préserver les quelques parcelles de zones boisées restantes, de nombreux tapis cloutés ont été enfouis dans la forêt et sur les routes de façon à crever les pneus des véhicules et de la machinerie sur le site », écrit le groupe dans un communiqué anonyme transmis à la presse mardi matin. Les auteurs du communiqué ont également écrit que «des barres d’acier et des clous ont été insérés de façon aléatoire dans la forêt» et que «ces tactiques ont pour objectif d’armer la forêt contre ses destructeurs, car elles compliquent l’abattage des arbres en posant un risque pour la machinerie lourde». Ce type d’action, qui peut endommager l’équipement d’abattage, a déjà été employé ailleurs au Canada et aux États-Unis par des militants écologistes cherchant à stopper des coupes.

Dans son communiqué intitulé « Action directe contre Northvolt », le groupe fait valoir que le gouvernement a rejeté l’an dernier un projet résidentiel prévu sur le même site en insistant alors sur les conséquences pour la biodiversité. Il rappelle aussi que l’entreprise a eu des échanges avec le gouvernement avant de s’inscrire au Registre des lobbyistes du Québec et que le projet a pu échapper au processus d’évaluation environnementale normalement prévu pour les grands projets industriels.

Le sergent Jean-Luc Tremblay, porte-parole de la Régie intermunicipale de police Richelieu–Saint-Laurent, a expliqué que les policiers se sont rendus sur les lieux pour constater qu’un véhicule d’un employé qui travaillait sur le site de Northvolt avait subi des dommages en raison « d’une planche qui avait été pieutée avec des espèces de tuyaux ». Une enquête est en cours et aucune arrestation n’a été effectuée.

Northvolt a confirmé mardi matin les gestes commis par les militants. « Plus tôt dans la nuit de dimanche à lundi, des individus sont entrés illégalement sur le terrain de Northvolt pour y commettre du vandalisme en cachant des tapis à clous. Nous sommes à vérifier si des clous ont aussi été insérés dans les arbres. Ce sont des gestes graves et potentiellement dangereux pour les employés présents sur le site. Nous les dénonçons vigoureusement », fait-on valoir dans une déclaration écrite.

Il y a un mois, des individus avaient planté des clous dans des arbres que Northvolt comptait abattre. Les auteurs anonymes de ce sabotage avaient publié une revendication sur le site Montréal Contre-information, un site web « qui aspire à fournir aux anarchistes de Montréal un espace pour diffuser leurs idées et leurs actions à travers des réseaux et tendances qui se recoupent ». L’entreprise compte détruire plus de 60 000 m2 de milieux humides dans les prochains jours afin de préparer le chantier du premier bâtiment de son usine, bien qu’elle n’ait pas encore obtenu l’autorisation ministérielle pour commencer cette construction.