Montbéliard : les violences urbaines reprennent dans le quartier de la Petite-Hollande
Est Républicain, 22 novembre 2020 (extrait)
Ce dimanche à la nuit tombée, le quartier de la Petite-Hollande a replongé dans les exactions. Un engin de chantier a été dérobé et utilisé pour détruire les nouvelles caméras de surveillance installées dans la semaine. Le « dumper » en question a ensuite été incendié.
Après quelques semaines de relative accalmie, le quartier de la Petite-Hollande, à Montbéliard, a de nouveau basculé dans l’anarchie la plus totale ce dimanche, à la nuit tombée. Un engin se trouvant sur le chantier des Hexagones a été dérobé puis utilisé pour une expédition destruction. Dans le collimateur des auteurs, les nouvelles caméras de surveillance installées dans la semaine, sur des plots en béton. Le « dumper » en question a servi pour coucher les mats mais aussi, chemin faisant, quelques lampadaires (rue du Petit-Chenois) et panneaux de circulation.
Une fois le forfait accompli, le conducteur de l’engin l’a stoppé devant l’entrée de la piscine de plein air, rue Ravel, non sans avoir dézingué quelques candélabres alentour. Il ne restait alors plus qu’à incendier le Dumper, histoire d’effacer d’éventuels indices. Un badaud, présent sur place, s’étonnait de ne pas voir la moindre voiture de police, ni le moindre camion de pompiers tandis que l’engin se consumait. « S’il n’y a pas de danger immédiat et encore moins d’intégrité physique en jeu, il n’y a pas raison de s’exposer à un caillassage. Il faut être dans un rapport de force inversé, en faveur de la police », éclaire le commissaire Michel Klein, directeur départemental de la sécurité publique. En clair, il fallait attendre des renforts, en provenance de Besançon notamment.
Violences urbaines : le conducteur présumé de l’engin de chantier remis en liberté
Est Républicain, 8 décembre 2020
Une heure. C’est le temps qu’il aura fallu au tribunal de Montbéliard pour délibérer sur la question du placement (ou non) en détention d’un Montbéliardais de 20 ans. Interpellé le 3 décembre dernier aux aurores par le RAID, au domicile de ses parents, dans le quartier de la Petite Hollande, il est soupçonné d’être le conducteur de l’engin volé sur un chantier, le 22 novembre en début de soirée, utilisé ensuite pour dégrader du mobilier urbain (cinq mâts en béton supportant des caméras de vidéosurveillance installées trois jours plus tôt, six poteaux en acier et trois feux tricolores). Une fois le carnage terminé, le Dumper (ou moto basculeur) avait été incendié devant la piscine de plein air.
Me Pierre-Henri Surdey, l’avocat de la Ville de Montbéliard, chiffre les dégâts à un peu plus de 92 000 euros. En ce mardi après-midi, il est vite acquis que le fond du dossier ne sera pas examiné ce jour. D’une part, la défense demande un délai, de l’autre, le président Da Lozzo indique qu’un supplément d’information s’impose pour éclaircir les zones d’ombre qui subsistent. Il évoque la téléphonie et des témoignages qui méritent d’être creusés. Reste la question du statut du mis en cause. Me Surdey place d’emblée le tribunal devant un certain constat, parlant de « la médiatisation locale mais aussi nationale de l’affaire » Et d’ajouter : « Votre décision va être observée ».
Ce qui permet à son contradicteur, Me Randall Schwerdorffer de riposter : « La sphère médiatique n’a rien à faire dans un palais de justice ». Il enchaîne : « Votre décision n’est pas là pour faire plaisir. Peu importe l’hystérie collective. L’impact médiatique n’est pas un paramètre visé par le législateur ». Le pénaliste bisontin rebondit alors et s’insurge contre les motivations « pas honnêtes » (sic) ayant justifié le placement en détention de son client au sortir de sa garde à vue. Il y était fait état de possibles pressions sur les témoins. « Soyons sérieux, il est question d’une personne ayant témoigné sous X. Donc impossible à identifier ». Clairement, il plaide pour une remise en liberté.
De son côté, Ariane Combarel, la procureur, requiert le maintien en détention à la lueur d’éléments du dossier. Entre autres, un pantalon de jogging noir avec une bande blanche et une sacoche Vuitton, aperçus sur le chauffeur de l’engin de chantier et retrouvés au domicile du suspect. Elle évoque aussi un risque de réitération. Le tribunal a opté pour une remise en liberté et un placement sous contrôle judiciaire. L’affaire sera examinée le 16 mars prochain.