À Portland, la victoire de Biden divise anarchistes et militants Black Lives Matter
Courrier International, 17 novembre 2020 (Los Angeles Times)
Dans cette ville de l’Oregon qui détient le record du nombre de manifestations pour la justice raciale aux États-Unis, la victoire du candidat démocrate à la présidentielle fait naître des tensions entre anarchistes et militants noirs.
Voilà des mois que Portland, la plus grosse ville de l’État de l’Oregon, situé sur la côte ouest des États-Unis, est devenue un lieu emblématique de la lutte du mouvement Black Lives Matter contre les violences policières et pour la justice raciale. Notamment “grâce à l’attention médiatique portée à ses manifestations nocturnes rituelles opposant militants anarchistes et forces de l’ordre”, souligne le Los Angeles Times.
Mais la victoire de Joe Biden à la présidentielle est venue accuser les différences entre anarchistes d’un côté et militants du mouvement Black Lives Matter de l’autre, souligne le quotidien californien.
Les militants noirs considèrent en effet “la défaite de Donald Trump comme une occasion de changer le système de l’intérieur. Ils estiment que les anarchistes, en continuant de commettre dégradations et violences, nuisent au mouvement et à son message en faveur de la justice raciale.”
De leur côté, les anarchistes pensent que tenter de changer le système de l’intérieur “est inutile et que l’ordre politique et le système capitaliste doivent être renversés”. Pour eux, “le démocrate Joe Biden, à la tête d’un parti qui soutient le libéralisme économique et la propriété privée, ne vaut guère mieux que Donald Trump”.
De nombreux militants du mouvement Black Lives Matter et leaders de la communauté noire, qui ont participé tout l’été aux manifestations qui ont eu lieu dans les rues de la ville, ont commencé à se désolidariser des protestations qui ont eu lieu après le scrutin du 3 novembre. Et ils sont de plus en plus “nombreux à estimer qu’il est crucial de condamner la violence et de se dissocier des anarchistes”.
Lors d’une manifestation, le 8 novembre, juste après le discours de victoire prononcé par Joe Biden, un cortège de manifestants s’en est même pris au local de l’antenne du Parti démocrate du comté de Multnomah, comté qui englobe la ville de Portland. Pour Rachelle Dixon, qui est à la tête du mouvement Black Lives Matter de Portland et qui milite à l’antenne locale du Parti démocrate, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Le lendemain, elle a contacté la presse pour souligner que les manifestants en question n’avaient rien à voir avec le mouvement pour la justice raciale.