Fort-de-France (Martinique) : le tribunal et les journaflics aux molotovs

[De 1972 à 1993 en Guadeloupe et Martinique, le pesticide chlordécone a été utilisé massivement dans les plantations de bananes, empoisonnant jusqu’à aujourd’hui la population. Le 12 février 2021, une boutique de la distillerie JM, propriété du groupe Bernard Hayot qui a participé à l’importation de ce poison, a été saccagée à Macouba (Martinique). Il était aussi reproché au groupe Hayot le maintien du « pavillon colonial/ esclavagiste aux quatre serpents » * sur ses bouteilles de rhum. Le 25 mars, lors du procès de quatre manifestants (deux incarcérés en préventive, deux sous contrôle judiciaire) pour ce saccage, une émeute a éclaté devant le tribunal…
* Pour l’anecdote, ce symbole est si représentatif des navires négriers, que jusque les gendarmes de Martinique ont dû le retirer de leur écusson officiel depuis 2018.]

Scène de violence aux abords du palais de justice de
Fort-de-France

Martinique la 1ere, 25 mars 2021

Les esprits s’échauffent depuis le début de la soirée (jeudi 25 mars 2021) aux abords du palais de justice, sur le boulevard du Général de Gaulle à Fort-de-France. Parmi les manifestants qui soutiennent depuis le début de la journée leurs camarades jugés depuis hier dans le cadre du saccage d’une boutique d’une distillerie à Macouba, certains lancent des engins incendiaires sur les grilles du palais de justice.

À l’aide de palettes de bois, le feu prend rapidement des proportions importantes sous les yeux hagards, notamment des journalistes qui couvrent ce procès à risque. La situation s’aggrave. Non seulement le feu est aux portes du palais de justice mais aussi une de nos voitures de reportage est incendiée. « Il s’agit indiscutablement d’un acte volontaire puisque nous avons vu l’individu y jeter un cocktail Molotov », confirme la police.

Les forces de l’ordre se déploient autour du palais en tentant d’encercler ceux qui lancent des projectiles sur l’édifice. La manœuvre vise à repousser les manifestants vers le quartier des Terres Sainville pour permettre aux pompiers d’éteindre l’incendie devant le palais de justice.

Aux environs de 22h 45, la tension retombe. Le boulevard de Gaulle aux abords du palais, est totalement cadenassé par les gendarmes mobiles. Les policiers de la CDI (Compagnie Départementale d’Intervention), patrouillent dans les artères des Terres Sainville.

Macouba, 12 février : saccage de la boutique de la distillerie du groupe Hayot