Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) : la seule folie serait de ne pas le faire

Jugé pour l’incendie de voitures de gendarmes
Ouest France, 20 octobre 2021

Un jeune homme de 26 ans a été condamné, hier, par le tribunal de Saint-Nazaire pour l’incendie de six voitures de gendarmes et de civils à Saint-Brevin-les-Pins et Pornic, en 2020.

Affalé contre l’une des vitres en plexiglass de son box, le prévenu se fait rappeler à l’ordre par la présidente du tribunal de Saint-Nazaire. C’est un homme de 26 ans, le visage fatigué, les cheveux en pagaille, qui se redresse mollement en fixant les juges. À toutes les questions qui lui sont adressées ce mardi, il répond « je ne me souviens pas », « je ne sais pas » ou encore « je réfléchis ». Il est accusé d’avoir incendié six voitures de gendarmes et de civils en 2020.
Le premier feu a été allumé vers 2 h 15, le 10 mai 2020, à la caserne de Saint-Brevin-les-Pins. Un des gendarmes présents à l’audience en tant que victime est réveillé par un bruit d’explosion et donne immédiatement l’alerte : trois véhicules de fonction sont en feu, ainsi qu’une autre voiture. Les flammes sont parties de l’avant, de quatre foyers différents. Pour les enquêteurs, l’acte n’est certainement pas accidentel.
Grâce aux caméras de surveillance et aux analyses effectuées sur le portail de la gendarmerie, un homme est retrouvé : les traces de pas correspondent, l’ADN également, ainsi que le scooter filmé.
Entre-temps, le 27 juillet, le jeune adulte a récidivé à la caserne de Pornic. Les faits sont similaires à ceux d’il y a deux mois, mais ne concernent que deux véhicules : l’un appartenant à la gendarmerie, l’autre à un civil. Après enquête du parquet et audition des témoins – notamment un boulanger sur place – le prévenu est arrêté et placé en détention.
Un an après, sept victimes sur dix-neuf annoncées sont présentes à la barre. La présidente du tribunal ne manque pas de rappeler au prévenu que la caserne de Saint-Brevin-les-Pins jouxte les logements de fonction. « Ce n’est pas anodin, un incendie peut se propager aux bâtiments. » Et l’une des victimes de rajouter : « Mon fils de 5 ans me demande si le voleur va revenir mettre le feu à la caserne. »
L’un des arguments de l’avocate d’un couple de victimes, Ludivine Floquet, repose sur la famille. « Il n’y a pas que les gendarmes qui ont été affectés ! »
Pour son réquisitoire, la procureure a rappelé que, lors de son interpellation, les forces de l’ordre ont trouvé une vidéo de voitures en feu dans le portable du prévenu. Les agents lui ont demandé de l’aide pour enregistrer le fichier, mais l’homme a jeté avec violence son portable sur le sol, le rendant inutilisable. Elle appuie sur le lieu des faits : « Ce n’est pas à n’importe quel endroit […] Et aujourd’hui, il a décidé que vous ne sauriez pas pourquoi il a fait cela. » Le prévenu n’a donné que de vagues réponses aux questions des juges sur ses intentions.
Persuadé de ne rien avoir fait
Du côté de la défense, maître Julie Conta a plaidé les « soucis psychiatriques » de son client, diagnostiqué schizophrène quelques années auparavant. « Il est persuadé qu’il n’a pas commis ces faits », avance-t-elle en demandant au tribunal la relaxe.
Après plus d’une heure de délibéré, le tribunal a reconnu l’altération des facultés mentales du prévenu, tout en le condamnant à trois ans d’emprisonnement, à une obligation de suivi sociojudiciaire de cinq ans, de soin, et a une interdiction de port d’arme, ainsi que de paraître aux abords de ces gendarmeries. Il devra également 55 000 € de dommages et intérêts à l’ensemble des victimes.