Grenoble (Isère) : « Sale bourgeois, je ne pourrai jamais me payer un costume comme le tien ! »

Sursis pour les agresseurs du procureur de Grenoble
Le Dauphiné, 11 décembre 2021

Le 23 juin à 22 h 45, entre le palais de justice, qu’il quitte, et son domicile, le procureur de la République de Grenoble, Éric Vaillant, est cerné, place Grenette, à Grenoble, par quatre individus. Deux se détachent du groupe et l’apostrophent. « Sale bourgeois, je ne pourrai jamais me payer un costume comme le tien ! Alors donne-moi de l’argent ! »

Ils l’insultent et le pressent en le suivant pour le « faire chier ». La marche est agressive et menaçante. Le procureur prend son téléphone et commence à filmer les deux personnes pour conserver une trace et une identification. Le voyant faire, l’un des deux individus avance et lui réclame le mobile. Le magistrat tourne le dos pour partir et c’est à ce moment-là qu’il reçoit un coup de pied dans les lombaires. Sans qu’il ne résulte de dommage corporel.

À l’aide des images, deux suspects, en état d’ivresse manifeste, ont été immédiatement retrouvés et interpellés par la police que le procureur a sollicitée. Un homme de 25 ans, avec un sweat à capuche, qui se définira « personne transféminine ». Et un second individu que la présidente du tribunal de Chambéry, chargé de juger l’affaire ce vendredi 10 décembre, a désigné avec précaution « monsieur ou madame », dans la mesure où son identité n’a pas pu être vérifiée et où il, ou elle, était habillé d’un pull rose, d’une jupe et de bas résille.

En l’absence des deux individus mis en cause à l’audience, la présidente Aude Favoulet a précisé qu’ils avaient déclaré, à leur arrestation, vivre dans un squat, avoir peu de ressources, et qu’ils ignoraient la qualité professionnelle de la victime. « Monsieur ou madame » ayant fait usage, pour sa part, de son droit au silence au moment de l’enquête. Dans son audition par les enquêteurs, le procureur lui-même avait confirmé qu’il avait l’impression qu’ils ne le connaissaient pas.

Le tribunal a infligé les peines réclamées par le ministère public : six mois de prison avec sursis pour « monsieur ou madame », auteur du coup de pied, et deux mois de prison avec sursis pour le second individu. Ils devront payer 1 000 euros de dommages et intérêts au procureur de la République.