Berlin (Allemagne) : sabotage du trafic ferroviaire, contre Tesla, la guerre et le Tren maya

Lundi 21 mars à 6h, un sabotage incendiaire de câbles de la compagnie publique allemande de chemin de fer Deutsche Bahn s’est produit aux abords de la gare de Berlin-Wuhlheide. Il a provoqué de nombreuses annulations et retards de trains sur la ligne régionale RE1 vers Francfort-sur-Oder, sur celle vers l’aéroport de la capitale, et aussi du trafic ferroviaire longue distance (Eurocity depuis la Pologne). L’ensemble du trafic n’a été rétabli que mardi vers 16h.

Ce sabotage a été revendiqué contre l’inauguration prévue le lendemain de l’usine Tesla (soit la plus grande usine de voitures électriques d’Europe) en présence d’Elon Musk, du chancelier allemand Olaf Scholz et de son ministre de l’Economie et du Climat (du parti des Verts), mais aussi contre la guerre en Ukraine avec la livraison de pétrole et charbon russe à l’Allemagne via des wagons-citernes, et en solidarité avec les opposants à la construction du Tren Maya au Mexique (ligne de chemin de fer de 1 500 km qui traversera la Péninsule du Yucatán), auquel cette même Deutsche Bahn est associée.

Voici une traduction du long communiqué de revendication, publié sur Kontrapolis le 21 mars 2022.


Ceci est plus qu’une déclaration d’intention

Ce matin, à la veille du lancement de la production de Tesla sur la commune de Grünheide, en banlieue de Berlin, nous avons saboté le service de navette du RE1 vers Falkensee avec un incendie près de la gare ferroviaire du S-Bahn de Wuhlheide. Selon DB, l’incendie de deux conduits de câbles a perturbé l’Airport Express, le RB 2 et d’autres liaisons. La cible de notre sabotage était les 3000 navetteurs qui travaillent dans la Gigafactory de Tesla. Nous avons tenté d’interférer avec la préparation du démarrage des opérations le 22 mars 2022 et la remise publique des véhicules Tesla à ses clients. C’est notre contribution à la protection de l’eau et du climat.

Aujourd’hui, 25e jour de la guerre contre l’Ukraine, nous avons brièvement interrompu le transport de wagons-citernes remplis de pétrole russe. Le but de notre action étaient les dizaines de trains avec du pétrole et du charbon russes qui circulent vers la capitale. Chaque wagon-citerne et leur financement prolonge la guerre. Chaque jour, l’Allemagne transfère jusqu’à un milliard d’euros à la Russie pour le transfert d’énergie. C’est notre contribution à la protection du climat et à la fin de la guerre.

Aujourd’hui, en ce jour supplémentaire de destruction de la terre et de la forêt tropicale au Mexique-Yucatán et de menace de la Deutsche Bahn (DB) pour les personnes qui y vivent, nous avons allumé un petit phare de solidarité. L’objectif de ce sabotage est de causer des dommages économiques au détriment du plus grand groupe public allemand. Par notre action, nous rendons visibles ces personnes qui luttent contre le « train de la mort ». C’est notre contribution pour soutenir les personnes qui luttent contre le « Tren Maya » et le colonialisme pour (sur)vivre.

C’est dans cet esprit que ce matin, en tant que militants pour le climat et contre la guerre, nous avons saboté la ligne de chemin de fer entre Karlshorst et Köpenick, près de la station de S-Bahn Wuhlheide, pour le confinement économique de Tesla et de la DB-« Tren Maya ».

Au lieu de prendre nos responsabilités et de changer notre mode de vie gaspilleur et consumériste, l’économie continue. Pour l’économie, l’Allemagne, en tant que l’un des plus grands exportateurs d’armes au monde, est au-dessus des cadavres. Cela doit finir. Il en va de même pour le financement du régime russe et d’autres dictatures comme le Qatar. Les guerres mondiales et la destruction du climat sont liées à notre mode de vie dans notre pays. Il s’agit également d’une guerre mondiale pour l’énergie fossile.

Plusieurs milliers de personnes en provenance d’Ukraine arrivent chaque jour à Berlin par la ligne sabotée. Ce sont les mêmes rails sur lesquels le pétrole russe s’écoule chaque jour vers la capitale. C’est par des dizaines de citernes de 20 à 25 wagons que les raisons de fuir arrivent à Berlin, car le transfert d’énergie permet à l’Allemagne de financer le trésor de guerre du régime russe. Cette politique économiquement libérale et axée sur le profit n’arrêtera pas la guerre. Si le charbon, le gaz et le pétrole russes ne sont pas coupés immédiatement, l’Allemagne prolonge chaque jour la guerre, la mort et les raisons de fuir. Nous nous déclarons solidaires des personnes qui fuient ce monde : ce sont les personnes qui comptent, pas les profits. L’économie guerrière et destructrice de l’environnement ne peut plus être stoppée par des mots. De notre propre chef, nous avons mis le feu aux câbles de signalisation, de communication et à haute-tension et avons pris en main l’arrêt momentané de la livraison par wagons-citernes. Pour ce faire, nous avons ouvert deux regards de câbles après en avoir retiré les plaques. L’intervention des pompiers est arrivée trop tard, la ligne a pu être sabotée avec succès. Nous avons pu exclure tout danger de mort ou de blessure.

Notre action est aussi un soutien et une contribution au débat des militants du climat, qui se réuniront dans de nombreuses villes le 25 mars lors des manifestations « Fridays for Future  » [Vendredis pour le Futur]. Le blocage des processus économiques bien huilés est existentiel pour notre avenir à tous. Nous serons parmi vous et manifesterons avec vous.

La plus grande entreprise publique allemande, la Deutsche Bahn, paie aujourd’hui pour le train de la mort Tren Maya au Mexique-Yucatán. Et Tesla paie aujourd’hui pour son engagement et son vol d’eau dans le Brandebourg. C’est un monde dans lequel nous vivons tous.
Dans un message adressé au Nord global, un autochtone du Sud global résume : « Nous ressentirons tous l’impact de la destruction, aussi lointaine soit-elle. Nous avons une maison commune : la Terre Mère ». Notre « maison », la Terre, est en train d’être incendiée par d’innombrables entreprises comme Tesla et Deutsche Bahn.

La Deutsche Bahn est impliquée dans un projet meurtrier contre les populations indigènes du sud du Mexique. Le projet de train Tren Maya entraîne la destruction de la forêt tropicale et prive les gens de leurs moyens de subsistance. Les autochtones ripostent contre cela.

Tesla participe au vol des ressources à travers le monde, détruisant la nature sur place et nous privant d’eau potable. L’électromobilité n’est pas une issue à la destruction de l’environnement, mais sa suite logique. Les gens de la région et de partout au pays ripostent.

Un mot pour les navetteurs

Le train recrache chaque matin des centaines d’employés de Tesla, qui sont transportés par navette vers la Gigafactory de Falkensee. 3 trains quotidiens par heure avec plus de 2000 sièges pour rendre possible les trajets vers Tesla. Le sabotage de la navette vers Falkensee perturbe le début ponctuel du travail des 3000 employés actuels de Tesla. Chaque cadre, chaque ouvrier et chaque employé qui arrive en retard ou qui n’arrive pas du tout au travail aujourd’hui est un grain de sable dans les rouages de la production de Tesla. Un grain de sable qui pourrait même perturber le processus de préparation du début de l’exploitation de Tesla et nuire à l’image de soi de Musk.

Si vous êtes un.e navetteure. et que vous n’êtes pas arrivé.e à l’heure dans la capitale aujourd’hui, c’était aussi notre intention. Ne le prenez pas personnellement. Il s’agissait pour nous d’un préjudice économique.
Lorsque des employés, des prestataires de services et des travailleurs ne font pas leur travail parce qu’ils ne peuvent pas se rendre au travail, les processus économiques sont bloqués. Cela coûte de l’argent à l’économie.

Dites à vos patrons, à vos chefs de service, à vos enseignants et professeurs que vous arriverez plus tard ou que vous ne viendrez pas du tout, car la ligne a été sabotée à cause de la Gigafactory de Tesla, à cause du vol d’eau régional par Tesla, à cause de la politique économique du Brandebourg, à cause de la destruction du climat et de la politique énergétique du gouvernement, à cause du lien avec la guerre du régime russe et de l’engagement meurtrier de la Deutsche Bahn au Mexique. L’incendie a touché et perturbé non seulement l’Express mais aussi d’autres liaisons vers l’aéroport international de Berlin (BER).Il y a peu ou pas de raisons de prendre l’avion et de continuer à détruire le climat au détriment de tous les êtres vivants.

Avant de nous pencher plus en détail sur ces deux groupes :

Un mot à la population, aux initiatives citoyennes et aux eco-activistes

Oui, vous avez le droit de vous opposer. Non, vous ne devez tenir compte d’aucune consultation. D’aucune autorisation. D’aucune décision de justice. La résistance ne doit pas et ne prendra pas fin avec l’octroi de la concession à Tesla. Au contraire : si le monde est transformé en un dépotoir, dans lequel il ne fait que brûler, s’assécher, être inondé, dans lequel de plus en plus de formes de vie précieuses disparaissent – alors nous devons même enfreindre les lois et agir de manière radicale.
Au lieu d’aller voter encore et encore – parce que chaque élection est soi-disant l’élection vraiment importante. Au lieu de la fermer encore et encore.
Au lieu de nous disputer entre nous sur des détails insignifiants.
Au lieu d’aller voir les nazis de l’AfD, qui répandent leur pestilence völkisch.

Nous voyons que tout ce progrès « vert » que nous vend le nouveau gouvernement ne fait qu’engendrer de nouvelles destructions. Sous le slogan du « progrès », la planète est pillée tant qu’il y a encore de l’argent à en tirer.
Ce qui se passe ici à Grünheide se passe de manière plus cruelle dans de nombreux pays hors d’Europe depuis de nombreuses décennies. C’est donc à juste titre que les gens fuient ici. Les pays riches sont les responsables historiques et actuels des guerres, des famines et des catastrophes écologiques dans d’autres régions.

Nous sommes du côté des luttes contre Tesla dans le Brandebourg/Berlin. Nous recommandons aux initiatives citoyennes et aux associations de laisser glisser sur elles les pressions de la police, de la presse et des politiciens et leurs appels à se distancer de notre action. Si vous n’avez pas participé à notre attentat, il n’y a pas non plus de raison raisonnable de vous en distancer. Il est logique que notre action ne puisse pas être pas être le moyen d’initiatives ou de groupes citoyens locaux et connus tels que les « Vendredis pour le Futur« . Une distanciation entre « le mal et le bien » divise l’opposition à Tesla. Quiconque vole notre eau, vole notre terre, détruit notre environnement est notre ennemi.

Nous respectons l’initiative de tous les opposants à Tesla et ne nous distancions pas non plus de vous. Continuez s’il vous plaît

Pourquoi Tesla ?

• La poursuite de la politique actuelle, sous la forme d’un nouveau feu tricolore écolo-libéral [couleurs de la nouvelle coalition gôche-verts-libéraux au pouvoir], est vouée à l’échec. Notre sabotage est dirigé contre le «  business as usual  » d’une politique qui défend les intérêts de Tesla en faisant le lèche-bottes. La politique, les administrations, certains tribunaux et certains médias servent et ont toujours servi les intérêts de l’économie. Nous voulons mettre un terme au « business as usual » d’une e-mobilité non écologique, coûteuse et destructrice de ressources.

• On nous a dit : « Le Covid n’autorise pas une audition publique des objections à la construction de l’usine. C’est pourquoi le soi-disant Office national de l’environnement a mis en place un forum en ligne afin de rendre la protestation muette. La colère de la population et des initiatives citoyennes contre Tesla a été volontairement canalisée, isolée et devait être numériquement muselée. Parallèlement, le « gourou » Musk a obtenu l’année dernière une autorisation spéciale pour réunir 9000 personnes, afin de pouvoir déployer son délire patriarcal et son show pervers du commerce devant 4000 disciples de plus que ne l’autorisait la jauge en matière de règles sanitaires sur le Covid. La consultation a dû être répétée à l’instigation des associations environnementales. Cela peut être considéré comme un petit succès. Mais rien de plus, car le résultat était acquis d’une manière ou d’une autre.

• Bien qu’il ne soit pas habilité à prendre des décisions, le ministre de l’économie du Brandebourg, Steinbach, a annoncé que les objections ne poseraient pas de problème majeur. Il se trompe. L’opposition au pillage de l’eau et à la destruction du climat n’en est qu’à ses débuts. Nous ne parlons ici que du début de la production, pas des étapes d’extension à venir. Aujourd’hui, des associations environnementales comme la Ligue verte et la Nabu [la Naturschutzbund Deutschland, une vieille ONG allemande] ont porté plainte pour la première fois. Elles estiment que l’autorisation d’un prélèvement d’eau supplémentaire est « illégale ». On ne pouvait pas s’attendre à une décision politique de la part des tribunaux. Cette décision doit être imposée à long terme par les défenseurs du climat, les riverains et les personnes qui les soutiennent.

• On nous a dit : la procédure d’autorisation du site n’est pas encore terminée. En cas de doute, Musk devrait démonter le parc industriel d’un kilomètre carré. Qui a cru une telle chose ? Toute la région savait que l’autorisation était décidée. Le ministère de l’économie du Brandebourg, avec ses discussions en coulisses, était à la tête du bradage du pays, de l’eau et de la nature. Et le soi-disant ministre de l’environnement Vogel, des Verts, n’a pas non plus fixé de limites au pillage de l’eau. Pour lui, il s’agit simplement d’une « discussion de fantômes ». Après l’octroi de l’autorisation, le ministre-président Woidke (SPD) a parlé de « production climatiquement neutre » et d’un « grand pas pour l’avenir ». Une pensée intéressante alors que le monde est déjà au bord du gouffre. Demain, nous aurons fait un pas de plus.

• Musk, l’homme le plus riche du monde, établit un turbo-capitalisme en Allemagne qui agit comme un carburant pour l’économie. Le puissant groupe Volkswagen, qui emploie plus de 650.000 personnes dans le monde, veut par exemple « moderniser » la structure de son propre groupe et l’a pris comme modèle. Diess, le chef du groupe VW, est fasciné par la brutalité et le manque d’égards avec lesquels Tesla établit de nouvelles normes et « révolutionne notre industrie ». Lors d’une réunion interne des managers de VW, le « Leadership Summit », Diess a même fait intervenir le dieu concurrent Tesla en direct pendant la séance. Les 200 top-managers (pour la plupart des hommes avec un salaire annuel à sept chiffres) devaient se rallier au nouveau style, qui ne doit plus tenir compte de rien. Pour Tesla, les syndicats et les bonnes conditions de travail ne sont que des éléments perturbateurs dans le système du turbo-capitaliste. C’est pourquoi il existe désormais un comité d’entreprise « jaune ». L’orientation du monde économique allemand vers ce nouveau style est déjà une raison suffisante pour saboter le cuirassé Tesla. On peut voir dans la province chinoise de Xinjlang jusqu’où cette orientation peut mener. Le PC chinois réduit systématiquement en esclavage la population des Ouïghours afin de les exploiter économiquement dans des camps de travail et de rééducation. Tesla ne se soucie pas des droits de l’homme. Tesla a récemment ouvert un showroom à Urumpi, la capitale de la province.

• Nous revendiquons le droit de résister. Nous sommes contraints de fonctionner, c’est-à-dire d’être un rouage planifiable dans l’engrenage, au travail, dans l’entreprise, dans l’emploi. Nous nous épuisons au travail et recevons généralement peu d’argent et encore moins de retraite. Le comportement du groupe Tesla ne nous impressionne pas. Le Titanic semblait lui aussi insubmersible. Avec de nombreuses autres forces régionales et inter-régionales, nous pouvons devenir l’iceberg.

• Avec l’usine Tesla, un nouveau tabou a été brisé que nous n’acceptons pas. Les consultations citoyennes ont été une farce. La construction sans autorisation laisse les gens aujourd’hui encore stupéfaits. Les discussions en coulisses de la politique et de l’administration et l’effacement des normes démocratiques minimales, acquises de longue date et de toute façon peu efficaces, mettent en colère. Si l’eau potable devient rare pour nous dans la région, mais que Tesla peut s’en servir librement, alors il est temps de stopper activement et douloureusement la politique, l’administration, Tesla et les entreprises de sous-traitance.

Le non-respect des personnes, de la région et de la nature est le catalyseur d’une révolution sociale. L’action directe est une légitime défense offensive contre l’avancée de la destruction. Le vol d’eau et bien d’autres choses encore justifient la résistance radicale.

Le blocage de processus économiques bien huilés est existentiel pour notre avenir à tous. Tesla fait maintenant monter les enchères. Ralentissons-la à nouveau. Chaque jour compte, chaque heure de sabotage réussi d’une multinationale compte. Pour des initiatives révolutionnaires de protection de l’eau. Ce que nous pouvons faire, tout le monde peut le faire !

Pourquoi Deutsche Bahn-Tren maya ?

DB Consulting & Engineering n’est ni écologique ni bon pour le climat. Même le groupe public à 100% ne peut plus se passer de « greenwashing ». Un quart de l’électricité ferroviaire allemande est par exemple fournie par la centrale à charbon Datteln IV. Malgré l’abandon du charbon et sans autorisation judiciaire de la centrale, la DB s’est engagée à acheter d’énormes quantités d’électricité, raison pour laquelle Datteln IV a été construite. Elle est alimentée par du charbon provenant de Colombie, par exemple, qui est exploité dans des conditions de travail épouvantables et avec une destruction gigantesque de l’environnement. L’assassinat d’activistes et l’expulsion d’habitants n’ont aucune importance pour les chemins de fer, l’essentiel étant que les gens achètent leur image verte.

• Le chemin de fer est et a toujours été une infrastructure d’État qui a une longue tradition. Dans le cadre du nazisme, il convient de rappeler le transport de millions de personnes, juives pour la plupart, vers les camps d’extermination. Sans cette infrastructure, le nazisme n’aurait pas été en mesure de procéder au meurtre de masse systématique et industrialisé. Pendant toutes les guerres, le chemin de fer a transporté des soldats au front – pour les tuer et comme chair à canon. Aujourd’hui encore, le train est irremplaçable au plan logistique pour l’armée. Et il transporte le pétrole et le charbon russes vers Berlin, soutenant ainsi la destruction du climat et la guerre contre les habitants d’Ukraine. Lel soi-disant « pont ferroviaire humanitaire » actuel des chemins de fer nationaux est diamétralement opposé aux livraisons quotidiennes de pétrole par voie ferroviaire. La livraison et le financement font de l’État allemand un frère d’armes de Poutine.

• Il y a des années, les chemins de fer ont transporté des déchets nucléaires à travers la République allemande avec un énorme déploiement policier, contre la volonté de la population. Celle-ci s’est régulièrement opposée aux transports nucléaires à Gorleben et dans tout le pays.
Des décennies de large résistance, allant des blocages et des occupations aux actions radicales et non-violentes contre la politique nucléaire, ont finalement contraint les politiques de ce pays à sortir du nucléaire. Mais au niveau de l’UE, cette politique nucléaire est désormais déclarée durable et les Verts soutiennent cette orientation. Les réacteurs nucléaires attaqués, comme actuellement en Ukraine, ou l’armement nucléaire de Poutine nous invitent à mettre l’énergie nucléaire hors-la-loi au niveau international.

• Récemment, la Deutsche Bahn a fait un essai pilote avec le ministère de l’Intérieur à la gare de Berlin-Südkreuz en utilisant un logiciel de reconnaissance faciale pour contrôler la population. Le check-in numérique, le paiement en ligne sans argent liquide lié à la personne et le QR code personnalisé dans les billets doivent être considérés comme une attaque technologique. La pandémie est et a été utilisée pour imposer des surveillances et des (auto)contrôles. Les chemins de fer, en tant que plus grande entreprise publique, ne se contentent pas de mener cette attaque technologique contre leur clientèle, ils jouent également un rôle de précurseur.

• Le projet mexicain s’inscrit également dans cette action destructrice : dans le Yucatán, DB Consulting & Engineering participe au développement du projet « Tren Maya ». Avec les groupes espagnols Renfe et Ineco, les trois entreprises encaissent ensemble 13,5 millions d’euros en tant qu’opérateur fantôme du Fonds national mexicain de développement touristique. La Deutsche Bahn reçoit pour sa part environ 9 millions d’euros. Sur les quelque 6 milliards d’euros que coûtera la ligne de 1500 kilomètres, il s’agit d’une somme relativement faible. Car la compagnie ferroviaire a avant tout vendu son image à l’opérateur FONATUR comme un projet de progrès et de modernisation verte. En tant qu' »opérateur fantôme » d’une situation « gagnant-gagnant » pour tous les participants, sauf pour les personnes concernées sur place. Derrière tout cela se cache une tentative du côté mexicain de masquer la véritable signification du projet.

DB Consulting & Engineering sert de feuille de vigne à la poursuite de la militarisation dans le sud du Mexique. Ce sont les militaires mexicains qui engrangeront les bénéfices si le train de la destruction devait un jour traverser des régions où vivent plus d’un million d’indigènes mexicains. Les intérêts de l’armée sont clairs. Dans de nombreuses régions, les autochtones luttent contre un État corrompu et s’affirment en tant que communautés rebelles depuis des décennies contre leur appauvrissement et leur élimination par la colonisation, l’armée, les paramilitaires, la faim et les maladies. Avec le train et les nouveaux centres touristiques qu’il est prévu de desservir, la destruction de la forêt vierge protectrice et des moyens de subsistance des indigènes est un objectif intentionnel et non un effet secondaire irréfléchi. Il s’agit de détruire socialement les communautés. Une fois que l’on a tracé un sillon à travers la forêt vierge indispensable à la vie, il est plus facile de briser la résistance. Et la migration désespérée à la frontière sud du Mexique peut être plus facilement stoppée ou contrôlée militairement.

• Au Mexique, les communautés autochtones ont demandé une procédure de consultation appelée Consulta. Soit elles n’ont pas eu lieu, soit il s’agit d’une farce comme celle qui a eu lieu jusqu’à présent dans le cas de Tesla. Si l’on en croit les gouvernants et l’économie, le Tren Maya est une affaire entendue, tout comme la Gigafactory dans le Brandebourg. Nous ne sommes pas de cet avis.

DB Consulting & Engineering n’a aucun scrupule. Depuis des décennies, le groupe public et le personnel diplomatique se moquent des droits de l’homme au profit de l’économie lorsqu’il s’agit d’obtenir des contrats lucratifs dans des dictatures. Pour la DB, l’Amérique latine est un marché stratégique en développement. DB Consulting & Engineering gère également de grands projets ou les planifie dans des pays comme le Brésil, la Colombie ou même le Qatar, la Chine ainsi que les Émirats arabes unis, où les droits de l’homme sont tous considérés comme des obstacles au commerce. Au Mexique, où l’on sait que les droits de l’homme comptent peu, que les activistes et les journalistes critiques sont abattus et que le taux de viols et de meurtres (féminicides) de femmes est particulièrement élevé, DB Consulting & Engineering a tenté, en tant qu’opérateur de l’ombre, de mettre un pied dans la porte pour dépasser le statut actuel de développement. Les morts sont sur le chemin du succès et du progrès. (Le constructeur français Alstom a d’ailleurs obtenu le marché pour la construction de plus de 40 trains pour ce projet).

• Notre action et le préjudice financier relativement faible causé par notre action sont une compensation pour les 9 millions empochés par la DB pour son activité actuelle de développeur. Outre le trafic voyageurs, la compagnie ferroviaire transporte chaque jour sur la ligne que nous avons sabotée plusieurs dizaines de trains de citernes de pétrole et de charbon, des matériaux de construction et des conteneurs de biens de consommation à l’intérieur de la capitale. Avec une livraison en flux tendu pour les marchandises et la production, le sabotage a une importance économique. Plus les dégâts sur la ligne sont importants, plus les travaux de réparation sont longs, moins le trafic de marchandises est ponctuel, mieux c’est.

• Nous ne pouvons pas ramener à la vie les militants assassinés au Yucatán ou au Chiapas avec ce petit dommage matériel, mais il pèse lourd dans une DB soucieuse de son image et de sa rentabilité économique. Par notre action, nous protégeons les militants actuellement menacés et appelons à lancer une campagne militante dans notre pays. Pour chaque militant assassiné au Yucatán, la Deutsche Bahn est responsable. La Deutsche Bahn est partout vulnérable à l' »écocide et à l’expulsion » au Mexique.

• Notre sabotage est un salut de solidarité internationale avec la jungle mexicaine et un encouragement à la résistance dans la jungle urbaine. Nous sommes à vos côtés au Yucatán, même si nous vivons dans le Nord global.
Nos luttes sont liées aux vôtres. Votre liberté est aussi notre liberté. Notre liberté est aussi la vôtre.

L’irrespect des êtres humains, des autochtones et de notre terre est l’accélérateur d’une nécessaire révolution sociale mondiale. L’action directe est une mesure offensive contre le progrès de la destruction.

Le blocage des processus économiques bien huilés est essentiel pour notre avenir à tous. La destruction de la terre est pour nous la conséquence d’une idéologie patriarcale qui veut s’assujettir la terre et qui s’étend comme un sillon de dévastation à travers la forêt tropicale, Grünheide et bien d’autres endroits. Les chemins de fer sont attaquables de multiples façons. Forçons-les à abandonner le projet Tren Maya. Donnons de l’air aux luttes du Yucatán et du Brandebourg par le sabotage.

Courage à tous ! Ce que nous pouvons faire, d’autres peuvent le faire aussi.

– Débrancher Tesla.
– Pour des initiatives révolutionnaires de protection de l’eau.
– Stop à l’économie guerrière et destructrice du climat et à Nordstream 1.
– La protection du climat plutôt que la guerre !
– La sécurité par le sabotage global du matériel de guerre au lieu de la « nostalgie de la sécurité » par l’armement et la guerre !
– Ouverture des frontières – pour tous et partout !
– Pour des campagnes et des luttes radicales et internationales.

Des activistes climatiques et anti-guerre pour le confinement économique de Tesla et DB-Tren Maya
Berlin, 21 mars 2022

Liberté pour Ella (activiste climatique)
Liberté pour Do & Jo (actifs contre les nazis)
Liberté pour Lina (antifasciste)
Liberté pour …

Solidarité avec les luttes de Lützerath, de la « dernière génération », de Rigaerstr. 94 et de Kaderschmiede et avec tous les antifas persécutés en Saxe et ailleurs. Ya Basta !