Puente Alto (Chili) : attaque solidaire contre une antenne de télécommunication

Puente Alto (Chili), 5 juin 2022 : sabotage incendiaire d’une antenne de télécommunication Entel

Traduit de l’espagnol de anarquia, 12 juin 2022

Attaque réalisée la nuit du dimanche 5 juin 2022.

«Certaines cultures humaines font la guerre à la Terre depuis des millénaires. J’ai choisi de lutter du côté des ours, des pumas, des mouffettes, des chauve-souris, des cactus, des roses des falaises et de toutes les choses sauvages.»
Bill Rodgers, membre de l’ELF.

Cela fait 13 ans que notre compagnon Mauricio Morales, el punky, a quitté la vie sur terre au beau milieu d’une offensive qu’il menait avec courage et volonté contre les bâtards de bourreaux de l’école de matons [au Chili, la gendarmería est le corps des gardiens de prison]. Malheureusement, l’engin explosif qu’il transportait s’est déclenché plus tôt que prévu, avec les conséquences que beaucoup connaissent. Une accolade au punky et à ses actions du plus profond de notre esprit irréductible, alors que nous nous retrouvons avec lui sur différents fronts : contre les prisons, le kapital, le spécisme et la civilisation.

C’est sur ce dernier front, en réponse à l’appel en mémoire du punky au cours de ce mois de Mai noir, que nous avons décidé d’attaquer une antenne de télécommunications de l’entreprise Entel, située sur une colline de la commune de Puente Alto, dans la capitale du territoire dominé par l’État chilien. Nous sommes et serons toujours contre l’avancée de la technologie et la digitalisation de nos vies.



Leur existence signifie l’exploitation et la dévastation de la ñuke mapu [la Terre Mère, dans la cosmologie mapuche Ndt], l’extraction de ses minerais au travers du génocide des espèces sauvages pour les marchandises dégoûtantes dont la warria [ville, NdT] a besoin pour reproduire sa maudite existence. Des antennes comme celle-là détruisent leur environnement naturel, aussi bien au moment de leur installation qu’au cours des travaux récurrents de maintenance qu’elles requièrent. De plus, un monde surchargé d’ondes électromagnétiques produit des effets douteux sur les différents êtres a travers ces antennes et les nouvelles technologies comme le réseau 5G. Nous ne sommes pas des scientifiques et nous n’avons pas la prétention de prouver leur nocivité, mais l’invitation de notre instinct à les détruire nous suffit.

Nous connaissons le winkul [montagne, NdT], nous ne sommes et ne serons jamais étranger-e-s à la vie sauvage et libre qui l’habite. Nous nous identifions aux insectes, à la terre, aux plantes, aux animaux, aux oiseaux. Nous prenons notre envol comme eux et dirigeons nos regards vers la cible. Nous attaquons sans hésiter, en revendiquant dignement la destruction et le sabotage contre le pouvoir, ses autorités et l’engrenage de la domination qui s’étend grâce au progrès civilisateur meurtrier. Nous avons étudié le lieu, nous avons compris les risques des actions dans la nature, nous avons donc fait en sorte que les pare-feu nécessaires soient en place pour ne pas affecter la faune florestière. Et c’est ainsi que, dans un acte de cohérence et grâce à un dispositif incendiaire muni de retardateur, toutes les connexions électriques de l’antenne ont été détruites par le feu agité de nos piukes [nos cœurs, NdT] libres. L’entreprise n’est toujours pas en mesure de reprendre ses activités dans le secteur, ce qui nous remplit de joie.

Notre proposition est la prolifération de toutes les actions de libération totale, de défense et de conservation de la terre, des rivières, des lacs, des mers, des collines, des forêts et de tous les êtres qui vivent en équilibre, par l’autonomie et le weichan [la lutte, NdT]. Nous ne nous laissons pas duper par ces temps tièdes légalistes-réformistes-démocratiques sans esprit, qui placent leurs espoirs dans le sens moral des exploiteureuses de la Terre. Nous lançons un appel aux frères et sœurs du pikun mapu [terres du Nord où se trouve la région de Santiago, ndT] à prendre position et à faire voler leur imagination pour défendre la pré-cordillère et les collines insulaires de cette partie du territoire qui résistent encore aux assauts de la société carcérale-civilisatrice-capitaliste. Toute action est possible avec de l’étude, de l’organisation, du courage, de la ténacité, de la volonté et en prenant soin de soi. Que notre patience ne soit pas passive, mais relève plutôt de la planification correcte de l’offensive.

Nous saluons avec complicité toutes les cellules actives et les actions de rue qui ont réveillé la mémoire ces mois-ci, forts et fier.e.s que nous sommes du dialogue qui s’établit à travers l’action.
Nous faisons également écho à l’appel pour la libération de Marcelo Villarroel, nous agissons aussi en solidarité et contre les sentences de la néfaste justice militaire.
Nous saluons tou.te.s les prisonnier-e-s anarchistes condamné.e.s à de longues peines.
Liberté pour Marcelo, Juan, Mónica, Francisco et Joaquín !
Liberté pour Mayo, Kuyi, Jalea et tous les camarades sequestrés par l’Etat ces dernières semaines !
Compagnon-ne-s Luisa Toledo, Santiago Maldonado, Emilia Baucis, Pelao Angry présent-e-s!!

« Parce que lorsque dans son cœur la liberté, l’amour et l’anarchie accompagnent ses battements : l’anarchie ne meurt pas dans la bouche, elle prévaut dans les mains actives. »
Punky Mauri.

Cellule Anarchiste Forêt Noire