Leipzig (Allemagne) : Feu aux ennemis de la liberté

Traduit de l’allemand de Indymedia.de, 16 mars 2023

Dans la nuit du 14 au 15 mars 2023, Journée Internationale contre la police et sa violence, nous avons attaqué par le feu le poste de police de la rue Weißenfelser. Nos engins incendiaires ont touché les voitures de patrouilles garées dans la cour.

Nous nous rappelons de l’homme de 36 ans abattu par des flics le 7 septembre 2022 dans son appartement, dans le quartier de Leipzig- Paunsdorf. Et nous nous souvenons de Johnson, âgé de 38 ans, assassiné le 3 janvier 2023 lors d’une garde à vue aux mains de la police de Braunschweig. Ses proches ont expliqué que Johnson avait été frappé avant sa mort et que son corps portait des marques de mauvais traitements physiques.

La police est et reste une cible légitime. Elle impose au quotidien les rapports d’exploitation et de domination régnants par une violence qui va à l’encontre de la dignité humaine. Dans ce qui est appelé « la zone d’interdiction d’armes » qui existe depuis 2018 et le lieu désigné comme « dangereux » autour de la rue Eisenbahnstrasse dans l’Est de Leipzig, les keufs ont l’autorisation d’effectuer des fouilles de personnes et des perquisitions, indépendamment de tout soupçon préalable. Par le biais du profilage racial et de contrôles racistes, ils harcèlent et humilient principalement des personnes de couleur, des migrant-e-s et des personnes marginalisées.

Le ministre de l’Intérieur de Saxe, Schuster, refuse que la dite zone interdite d’armes soit remise en cause tant qu’il n’y a pas de nouveau commissariat. Celui-ci est prévu au plus tard pour la mi-2023, à l’angle des rues Eisenbahnstrasse et Herrmann-Liebmann, et devrait héberger à la fois les flics et la police municipale. Il faut l’empêcher !

De même, des policier-e-s continuent à être formé-e-s à Leipzig. Depuis décembre dernier, des réflexions sont à l’ordre du jour visant à fermer progressivement les écoles spécialisées à Leipzig et Chemnitz pour concentrer cette formation à Schneeberg. De plus, le « centre d’écoutes Est » doit entrer en fonction sur le site de la police anti-émeute dans la Dübener Landstraße en 2024. Le « centre d’ensemble de compétences et de services en matière de surveillance policière des télécommunications » (GKDZ) se veut un centre de données commun aux polices des Länder de Saxe, Saxe-Anhalt, Thuringe, Brandebourg et Berlin. Les polices régionales doivent pouvoir y adresser des réquisitions, le GKDZ réclamant ensuite les données aux entreprises de télécommunications pour les transmettre. Selon les articles de presse, les mesures de restructuration seraient terminées, et cela dépendrait maintenant des autorisations de livraisons des matériels informatiques nécessaires. Actuellement, des technicien-ne-s en administration de technologie de stockage (w/m/d) sont recherché-e-s sur internet. Le projet est doté d’une somme totale d’environ 70 millions d’euros, d’ailleurs le budget est classé confidentiel depuis 2019 🙂

En face des anti-émeutes émerge le nouveau commissariat Nord, dans lequel travailleront 250 flics à partir de la fin de l’année.

La police est également équipée au niveau régional : en deux ans pas moins de 120 millions d’euros sont destinés à de nouveaux hélicoptères, véhicules de service et pour l’expertise informatique, à cela viennent s’ajouter 2200 nouvelles armes. La police criminelle régionale de Dresde (LKA) recevra un nouveau laboratoire pour un coût de 60 millions. Selon les flics, la Saxe se situerait ainsi à un « assez bon à très bon niveau » national.

Par ailleurs, le land renforce l’emploi d’expert-e-s en reconnaissance faciale (Super-Recognizer). Après un projet-pilote à Chemnitz, les keufs doivent à présent être testés sur leurs facultés à mémoriser et à reconnaître des visages à Leipzig et Dresde. Ainsi des personnes doivent pouvoir être identifiées au milieu d’une foule sur des vidéos, en live ou après coup, selon les dires des flics même si elles sont à moitié cachées ou masquées.

Les flics s’organisent au niveau national dans des réseaux et des groupes de chatt d’extrême-droite. à côté du racisme, un élément essentiel de l’idéologie d’extrême-droite est la misogynie, profondément ancrée dans les structures patriarcales de la société. Une commission interne qui a évalué les messages chatt en provenance du commissariat de Francfort en 2021, a constaté  « une haine des femmes éliminatoire, associée à des perversions de violences sexuelles ». Mais tous les autres aspects d’hostilité vis-à-vis de groupes humains entiers, tels que le mépris à l’encontre de personnes handicapées ou sans-abri, sont aussi sans cesse notables.

Au cours des dernières années, il y a eu beaucoup de récits sur les méfaits de la NSU 2.0, qui a envoyé des menaces de morts et de viol principalement à des personnes LGBTQ racisées. On peut citer ici l’exemple de l’avocate Seda Başay-Yıldız qui, dans le procès contre la NSU, représentait la famille de la première victime assassinée par la NSU, Enver Şimşek, en tant que partie civile. En 2018, plusieurs recherches ont été faites sur elle à partir des ordinateurs du commissariat de Francfort. Seule l’adresse de son domicile y était disponible, mais le nom et la date de naissance de son mari, de ses parents et de sa fille ont aussi été demandés.
Quelques heures plus tard, le premier fax a été envoyé à son bureau, dans lequel elle et sa fille étaient menacées de mort et visées par des insultes racistes. Quelques mois plus tard, le deuxième fax faisait référence à la suspension de certains flics de Francfort. Il y a eu des requêtes policières sur les personnes concernées par la NSU 2.0 dans plusieurs villes comme Berlin, Hambourg, Wiesbaden etc. Il est probable que ses données circulent dans des cercles policiers et nazis, les limites sont poreuses.

La violence sexualisée est régulièrement employée par la police comme moyen d’intimidation et d’humiliation. Les flics eux-mêmes commettent des agressions sexuelles et des viols, ils humilient et insultent de manière sexiste. Et ils peuvent presque toujours compter sur l’impunité pour la violence qu’ils exercent, ainsi se cimente l’ordre patriarcal et le monopole de la violence cis-masculine. Il y a d’innombrables cas de violence policière sexiste, le gros des agressions restant invisible. Cela concerne principalement des personnes de couleur et LGBTIQ+, d’ores et déjà exposées à la plupart des discriminations.
[…]

Avec notre action « Contre les ennemis de la liberté », nous envoyons des saluts solidaires aux anarchistEs du banc public à Hambourg. L’un d’entre elleux se retrouve à nouveau derrière les barreaux depuis janvier et la compagnonne a récemment été condamnée à 20 mois de prison avec un sursis de 4 ans. Le reste de la peine à purger pour le troisième doit encore tomber. Plus d’infos:
https://parkbanksolidarity.blackblogs.org/

Par ailleurs, plein de force aux compagnon-ne-s de Berlin, placé-e-s deux jours en Gav le 15.02.23 pour l’accusation de « conspiration en vue de commettre un crime ». Depuis, les deux doivent signer deux fois par semaine au comico et leur ADN a été pris.

Une dernière accolade à Alfredo, qui se trouve en grève de la faim depuis le 20.10.2022 en Italie et est près de la mort.

Formez des bandes
Feu et flammes pour la répression
A bas la police !
Détruire le patriarcat !