Partout : 4e nuit de révolte émeutière, ça flambe et ça pille toujours [Re-MàJ]

[Suite à l’assassinat policier de Nahel à Nanterre (Hauts-de-Seine) mardi matin, une première, une deuxième nuit puis une troisième nuit d’émeutes se sont déroulées dans tout le pays, émeutes destructrices dont nous avons publié de larges recensions illustrées ici. Et finalement, une quatrième ne s’est pas fait attendre cette dernière nuit du vendredi 30 juin au samedi 1er juillet.
Ce qui a marqué cette quatrième nuit d’émeutes, en plus des affrontements avec la police aux quatre coins du pays,  a été l’entrée de nouvelles villes dans le bal (petites ou moyennes), les débuts d’usage ou le vol d’armes à feu du côté émeutier (Lyon, Marseille), et des pillages pour lesquels des centaines de jeunes gens ont pu se donner rendez-vous (y compris en journée ou début de soirée : selon le ministre de l’Economie, le bilan est déjà de 200 magasins de la grande distribution attaqués et pillés, 250 débits de tabac, 250 agences bancaires touchées et une dizaine de centres commerciaux, soit 700 en tout).
Avec du côté des cibles détruites —sur lesquelles nous nous concentrons plus volontiers bien que les journaflics les filtrent davantage—, c’est encore tout ce qui incarne la domination étatique et institutionnelle de proximité (des mairies aux écoles, en passant par les centres socio-culturels, les bailleurs sociaux ou La Poste) qui a été le plus cramé cette nuit.]


Quelques chiffres

Le ministère de l’Intérieur a recensé cette nuit du 30 juin au 1er juillet, 2.560 incendies sur la voie publique (contre 3.880 dans la nuit de jeudi à vendredi), 1.585 incendies de véhicules (contre 1.919 la nuit précédente) et 266 bâtiments incendiés ou dégradés, dont 26 mairies, 24 écoles et 5 établissements de justice (contre 492 la nuit précédente). De plus, 58 repaires de flics ont été attaqués (31 commissariats, 16 postes de police municipale et 11 casernes de gendarmerie).
1311 personnes ont été interpellées cette nuit partout en France. Un total de 79 policiers et gendarmes ont été blessés cette nuit.


AFP, 1er juillet 2023, carte très minorée, comme on pourra le lire ci-dessous…

Grand Est

A Châlons-en-Champagne (Marne), dans le quartier La Bidée, l’école Gérard Moulin est incendiée dans la nuit.

A Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle)
, après plusieurs tentatives, une trentaine de personnes ont fait irruption dans la mairie où se trouvaient deux agents d’une société de surveillance. Un incendie a débuté au niveau de l’accueil, puis l’intervention des policiers a permis de faire fuir les assaillants. Plus tard dans la nuit, un groupe est revenu à la charge pour cette fois monter dans les étages et saccager les locaux, jusqu’au bureau du maire : « Il y a de la suie partout, les vitres sont brisées. Tout le mobilier est cassé : les photocopieurs, les ordinateurs, les meubles. Tout est dévasté » se désolé ce dernier.

Metz (Moselle), deux blindés de la gendarmerie envoyés dans la capitale mosellane, place de la République
Metz (Moselle), nuit du 30 juin au 1er juillet ; la médiathèque du quartier de Borny incendiée

A Metz (Moselle), vers 20h15, plus de 200 de personnes se sont réunis sur la Place de la République. Les manifestants ont alors déchaussé des dalles du sol de la place pour les utiliser comme projectiles sur les forces de l’ordre. Les émeutiers ont ensuite pris la direction Palais du Gouverneur, brisant au passage la plupart des vitres de la salle de spectacle l’Arsenal.
Dans la soirée, la médiathèque Jean-Macé dans le quartier de Borny du quartier de Borny a été incendiée. Le bâtiment est totalement détruit et inutilisable. « Il y aura pour des millions d’Euros de dégats », commente le maire de Metz François Grosdidier. Toute la nuit, il a suivi l’évolution de la situation depuis le centre de vidéosurveillance de la police municipale.

Woippy (Moselle), nuit du 30 juin au 1er juillet : le McDonald’s encore fumant
Yutz (Moselle), nuit du 30 juin au 1er juillet : le deuxième  McDonald’s incendié
Yutz (Moselle), nuit du 30 juin au 1er juillet : l’ex McDo, vue arrière

A Woippy et Yutz (Moselle), les restaurants McDonald’s ont été incendiés. Dans la seconde ville, une vingtaine d’émeutiers ont également pénétré dans le magasin Décathlon durant la nuit en brisant les portes vitrées, faisant main basse sur des vêtements et des vélos. Un peu plus tard, les concessionnaires Suzuki (10 véhicules défoncés, neuf dans le hall un à l’extérieur, plus les bureaux saccagés) et Peugeot Car Avenue (30 voitures défoncées, dont dix carbonisées, plus une volée) ont été attaqués par des dizaines d’émeutiers, vers 23h30 puis 1h15.

A Strasbourg (Alsace), entre 14 heures et 15 heures, des centaines de jeunes sont arrivés devant les Halles, avant de se diriger vers les magasins du centre-ville, par petits groupes, éparpillés. De nombreux commerces ont décidé de fermer, mais pas toujours assez tôt, comme l’Apple store qui a été pillé. L’Opéra national du Rhin a aussi été pris pour cible : la terrasse du restaurant a été dévastée, la porte d’entrée brisée et le hall saccagé.

Saint-Florentin (Yonne), nuit du 30 juin au 1er juillet : le magasin de bricolage Weldom a cramé toute la nuit

A Saint-Florentin (Yonne), les pompiers se rendent vers minuit aux abords du magasin de bricolage Weldom, en flammes, situé aux abords du quartier de la Trécey. Les émeutiers présents sur place les repoussent avec des pierres et et des tirs de mortiers jusqu’à 4 heures du matin, où les pompiers pourront réellement intervenir sur le sinistre, alors que les 1.500 mètres carrés de surface du magasin se sont totalement embrasés.

A Auxerre (Yonne), un magasin de location de voitures est ouvert et saccagé : plusieurs véhicules de type Mercedes ou Range Rover sont défoncées.

Dijon (Bourgogne), nuit du 30 juin au 1er juillet : l’école flambe dans le quartier des Grésilles

A Dijon (Bourgogne), vers 18 heures dans le quartier des Grésilles, l’école élémentaire Champollion est incendiée : au moins une salle de classe est entièrement détruite.


Auvergne-Rhône Alpes

Lyon (Rhône), nuit du 30 juin au 1er juillet, le comico de la Croix Rousse en feu

A Lyon (Rhône), après le rassemblement aux Terreaux (1er), qui a réuni plus d’un millier de personnes, bien qu’interdit par la préfecture, les affrontements avec la police et les pillages se sont propagés dans la ville. Le poste de police de dépôt de plainte de la Croix-Rousse (4e) a été incendié, une trentaine de commerces ont été saccagés/pillés jusque tard dans la nuit : des boutiques de sport (Courir et JD Sport rue de la République), des magasins de luxe (Louis Vuitton et Lacoste rue Simon-Maupin), mais aussi des magasins d’électroménager (Boulanger à Cordeliers) et au moins deux Monoprix (Croix-Rousse et Cordeliers). Parmi les établissements recensés, on trouve aussi une banque, un bureau de tabac, un bureau de Poste, un magasin de vélos (pillé).

Vaulx-en-Velin (Rhône), dans la nuit du 30 au 1er juillet 2023

A Vaulx-en-Velin, dans la cité du Mas du Taureau, un émeutier à scooter fait feu avec un fusil chargé à la grenaille contre les policiers (à 50m de distance), au niveau de la place Guy Moquet où des barricades avaient été enflammées par une cinquantaine d’émeutiers. Dix policiers sont blessés et quatre hospitalisés, touchés par des plombs aux bras, aux cuisses et au visage (pommette).

Grenoble (Isère) nuit du 30 au 1er juillet 2023 : bureau de police incendié à Villefontaine

À Grenoble (Isère), à partir de 20h, des centaines de jeunes ont investi le centre-ville avec force poubelles incendiées et mortiers d’artifice, tout en s’en prenant aux boutiques : Lacoste, Hugo Boss, Foot Locker, des dizaines de grandes enseignes du centre-ville (et les Galeries Lafayette), mais aussi des plus petites boutiques des rues piétonnes, ont été complètement pillées.
Dans la nuit dans le quartier d’Echirolles, l’atelier du garage automobile Norauto, situé avenue Salvador-Allende est forcé et plusieurs véhicules incendiés. Dans celui de Villefontaine, le bureau de police est incendié.

Chambéry (Savoie), nuit du 30 juin au 1er juillet : incendie du local de la FOL

À Chambéry (Savoie), la soirée a commencé par une manifestation au départ de la place d’Italie, et la petite centaine de participants s’est ensuite dirigée vers le quartier du Covet. Plus tard, vers 22h30, les locaux de la Fédération des Œuvres Laïques (FOL, association d’éducation populaire) ont été totalement incendiés. Un peu plus loin, la cantine de l’école élémentaire Simone-Veil, rue Hector-Berlioz, dans le quartier de Mérande, a aussi été incendiée.

Annemasse (Savoie), nuit du 30 juin au 1er juillet : la maison de quartier Nelson Mandela en fumée

A Annemasse (Haute-Savoie), la maison de quartier Nelson-Mandela a été incendiée vers 2h du matin. Elle abritait le service jeunesse de la ville.Un bureau de tabac a également été pillé.

Scionzier (Haute-Savoie), nuit du 30 juin au 1er juillet : les locaux administratifs fumants du collège Gallay

A Scionzier (Haute-Savoie), nuit émeutière dans les quartiers des Ewües et de la Sardagne. Les locaux administratifs du collège Gallay sont cramés, tandis que le poste de police municipale a été attaqué.

St-Etienne (Loire), nuit du 30 juin au 1er juillet : la pépinière d’entreprises encore fumante dans le quartier Montreynaud
St-Etienne (Loire), nuit du 30 juin au 1er juillet : Centre loisirs jeunesse de la Police nationale incendié dans le quartier Montreynaud
et le DAB de la Poste

A St-Etienne (Loire), dans le centre-ville, plusieurs centaines de jeunes ont brisé des vitrines de magasins à coups de pierre ou d’objets en métallique, puis pillé plusieurs boutiques de vêtements, d’optique et de bijoux.
Dans le quartier de Montreynaud, les incendies et attaques se sont enchaînés jusqu’à 4h30 du matin : pépinière d’entreprises (dans la zone d’activités de la Grand’Ourse), mairie, Centre loisirs jeunesse de la Police nationale, bureau de poste, voitures.

Roanne (Loire), nuit du 30 juin au 1er juillet, incendie du magasin de mobilier Centrakor
Roanne (Loire), nuit du 30 juin au 1er juillet, incendie du CFA BTP
idem

A Roanne (Loire), dans le secteur de la route de Charlieu, le magasin Centrakor a été totalement détruit par un feu provoqué par des jets de molotovs. Dans le quartier du Parc, le CFA (Centre de Formation des Apprentis) BTP (Bâtiment et Travaux Publics), rue Marcel-Cerdan, a été incendié. Il venait de rénover ses bâtiments et équipements la semaine dernière. Son portail a été arraché et la porte d’entrée fracturée, puis plusieurs salles de classes ainsi que l’atelier d’électricité ont été livrés aux flammes

Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), nuit du 30 juin au 1er juillet : la maison de quartier de Croix-de-Neyrat. incendiée

A Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), le centre social du quartier des Vergnes a été incendié, tout comme la maison de quartier de Croix-de-Neyrat.


Centre

A Limoges (Haute(Vienne), plusieurs boutiques du centre-ville ont été vandalisées et pillées, couplé à des barricades installées à plusieurs endroits en ville et les nombreux tirs de mortiers en direction des forces de l’ordre. Il y a aussi eu des pillages en zone nord. Cash Converter, un commerce d’achat revente de produits d’occasion a été attaqué à la voiture bélier. Des motos ont également été volées chez Evolution 7 en zone Sud et le supermarché U proche de la rue Aristide Briand a aussi été incendié vers deux heures du matin. Une équipe du GIGN a été envoyée à Limoges depuis Toulouse, accompagnée par le PSIG (Peloton de surveillance et d’intervention de la Gendarmerie) de toute urgence.


Ouest

Brest (Finistère), nuit du 30 juin au 1er juillet : le KFC a grillé

A Brest (Finistère), le centre social de Kerourien a été incendié avec son local de Brest métropole habitat. La mairie annexe et le poste de police de Bellevue ont été dégradés, tandis que le KFC de la zone Carrefour Iroise a été incendié.

A Niort (Deux-Sèvres), une dizaine de bureaux bailleur social Deux-Sèvres habitat ont été saccagés, les PC détruits et les mobiliers de bureau cassés. Les émeutiers se sont introduits dans les locaux en cassant toutes les portes et vitres du rez-de-chaussée. L’agence sera fermée jusqu’à nouvel ordre.

Nantes (Loire-Atlantique), nuit du 30 juin au 1er juillet : le sort de la mairie annexe du quartier de la Boissière définitivement réglé
Nantes (Loire-Atlantique), nuit du 30 juin au 1er juillet : la librairie catho à coups de pioches

A Nantes (Loire-Atlantique), dans le quartier de la Boissière, un incendie ravage une seconde fois les locaux de la mairie annexe, déjà touchée par les flammes la veille, afin de terminer le travail. Plus tôt en soirée, lors d’un rassemblement « Justice pour Nahel » interdit par la préfecture, la librairie catholique et nationaliste Dobrée est attaquée vers 20h30 à l’aide de matériel de chantier.

Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), nuit du 30 juin au 1er juillet : le centre commercial Ruban Bleu pillé

A Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), plusieurs magasins du centre-commercial Ruban Bleu ont été pillés, et idem pour le Mc Donald situé dans le centre commercial Océanis.

Coulaines (sarthe), nuit du 30 juin au 1er juillet : la mairie incendiée

A Coulaines (Sarthe), la mairie a été la cible d’émeutiers vers 2h30, qui ont détruit les portes coulissantes et l’entrée, puis lancé des molotovs à l’intérieur. L’accueil, l’état-civil et le centre communal d’action sociale ont été ravagés par les flammes. La mairie n’a pas été pillée : « C’est simplement une tentative de destruction de la part de voyous écervelés », lance le maire Christophe Rouillon remonté contre cette « sorte de profanation inacceptable. »

Angers (Maine-et-Loire), nuit du 30 juin au 1er juillet : le comico du quartier Monplaisir
Angers (Maine-et-Loire), nuit du 30 juin au 1er juillet : la Maison des solidarités du quartier Monplaisir

A Angers (Maine-et-Loire), dans le secteur de Monplaisir, le commissariat de police, a été attaqué par les émeutiers dans la nuit et entièrement incendié, des commerces ont été pillés, la crèche Tom-Pouce, la Maison des solidarités et une dizaine de voitures ont été incendiés, le relais-mairie et le bureau de Pôle emploi ont été dégradés.

Lorient (Morbihan), nuit du 30 juin au 1er juillet, le local jeunes de la maison de quartier en fumée

A Lorient (Morbihan), dans le quartier du Bois-du-Château, le local jeunes de la maison de quartier Elsa Triolet est incendié vers 1h30 du matin.

Au Mans (Sarthe), une centaine d’émeutiers ont dégradé des véhicules et pillé plusieurs magasins dans le centre-ville.

A la Roche-sur-Yon (Vendée), le poste de police a subi un début d’incendie.

Gaillon (Eure), nuit du 29 au 30 juin : le grand concessionnaire Renault incendié
Le garage Renault vu du haut
Gaillon (Eure), nuit du 30 au 1er juillet : le McDo part en fumée

A Gaillon (Eure), on en est à la deuxième nuit d’émeute dans cette ville de 7000 habitants. Dans celle du 29 au 30 juin, le garage Renault a été attaqué : après avoir brisé la vitre, deux véhicules d’exposition ont été sortis pour être brûlés à l’entrée du quartier, tandis que le concessionnaire était enflammé, détruisant une vingtaine de véhicules stationnés à l’intérieur, et endommageant les sept voitures entreposées à l’extérieur.
Dans celle du 30 juin au 1er juillet, après avoir été empêchés de piller le Auchan les émeutiers sont revenus à 5h du matin et ont cramé le McDonald’s adjacent

A Evreux (Eure), un hypermarché a été pillé et un poste de police visé par des engins incendiaires.

A Cholet (Maine-et-Loire) , la maison du maire LR (depuis 1995) en cours de déménagement a été copieusement saccagée et pillée dans la nuit.

Saint-Etienne-du-Rouvray (Normandie), nuit du 30 juin au 1er juillet, le collège Picasso en partie incendié

A Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), le collège Pablo-Picasso a été attaqué et en partie incendié. La cuisine centrale est inopérante. Les magasins Action et Aldi ont aussi été pillés.


Nord

Des affrontements avec les forces de l’ordre et des pillages ont eu lieu dans plusieurs villes du Nord-Pas-de-Calais, notamment à Lens, Maubeuge, Calais, Douai, Béthune, Valenciennes, Avion, Berck-sur-Mer, Béthune, Boulogne-sur-Mer, Longuenesse, Carvin, Lillers, Sallaumines, Saint-Omer, Aulnoye-Aymeries ou encore Roubaix.
Des commerces et un bureau de police ont été endommagés dans le centre-ville de Lens, deux autres bureaux de police, à Béthune et à Sallaumine, ont également été endommagés, ainsi que la porte d’entrée d’un commissariat à Carvin.

Quiévrechain (Nord), nuit du 30 juin au 1er juillet : le magasin Action incendié

A Quiévrechain (Nord), le magasin Action de la petite zone commerciale Match, avenue Jean-Jaurès, est incendié vers 1h30

À Amiens  (Somme), où un couvre-feu avait été instauré hier dans certains quartiers pour les moins de 16 ans non accompagnés, la médiathèque du quartier d’Etouvie a été incendiée pour la deuxième fois cette semaine.

A Charleville-Mézières (Ardennes), Boris Ravignon, le maire LR avait décidé d’organiser une ronde citoyenne à proximité des crèches, écoles et équipements municipaux. Dans le quartier de la Ronde-Couture, il s’est pris des jets de bouteilles après avoir éteint un feu de poubelles allumé par des émeutiers. La voiture dans laquelle il a dû se replier avec d’autres élus a ensuite eu la vitre arrière brisée par les pierres.

Lens (Pas-de-Calais), nuit du 30 juin au 1er juillet : Bijou Brigitte après son pillage

A Lens (Pas-de-Calais), c’est vers 23 h 30 que les hostilités ont été lancées à la Grande résidence. Peu avant minuit, les émeutiers ont convergé vers le bureau de police de la tour Flaubert qu’ils sont parvenus à saccager. Des groupes, plus disparates, ont également investi le cœur de ville où des commerces ont été dégradés et pillés (dont la bijouterie Bijou Brigitte). Partis de la gare, ils sont ensuite remontés jusqu’à l’hôtel de ville qui a été pris pour cible. En attestent les impacts qui criblent la façade vitrée du bâtiment de la place Jean-Jaurès.


Ile-de-France

AFP, 1er juillet 2023

Seine Saint Denis

Bondy (Seine-Saint-Denis), nuit du 30 juin au 1er juillet : le rencart à Conforama a fini par réussir

A Bondy (Seine-Saint-Denis), une centaine de jeunes hommes cagoulés s’étaient rassemblés sur le pont au-dessus du canal de l’Ourcq à côté des quartiers Nord de Bondy (Seine-Saint-Denis) avec l’intention de piller le Conforama situé juste à côté. L’objectif avait été annoncé sur les réseaux sociaux : « Communiqué pour les gens Bondy ce soir on fait tous Conforama. Soyez prés et organisé et une bonne logistique. Aller a se soir pour Conforama. Rdv à 23h30. Faite tourné ».
Par dizaines, ils se sont rués vers le commerce. Certains sont repartis avec des écrans plats. D’autres avec des cartons impossibles à identifier. Face à eux, le RAID a effectué plusieurs charges, soutenu par des unités traditionnelles de la police. Au milieu des flammes d’un barrage, les jeunes cagoulés ont jeté des pierres et tenté de repousser les policiers afin de récupérer plus de matériel. Une équipe du RAID s’est positionnée devant l’entrepôt pour les bloquer.
Puis le RAID est reparti. Les émeutiers, de tous âges, sont revenus piller le magasin avec des dizaines de voitures prêtes pour remplir les coffres.

Montreuil (Seine-Saint-Denis)

A Montreuil,  De nombreux feux et à nouveau un grand nombre de pillages. A Croix de Chavaux, le cœur de la ville, le grand Monoprix a été pillé de même qu’un Franprix avenue Gabriel Péri, ainsi que de nombreux petits commerces. L’avenue Péri est jonchée de débris, de barrières de chantier. Alors qu’une partie de la ville est plongée dans l’obscurité, soulignant encore plus l’intensité des feux, cela circule beaucoup. Les événements ont débuté tard dans la soirée, nombre de pillages ayant eu lieu plutôt après 1 heure du matin.

A Romainville, dans le quartier des Trois-Communes, un magasin de scooters a été pris d’assaut et pillé.

Ville de Saint-Denis, nuit du 30 juin au 1er juillet : incendie du hall du centre administratif de la municipalité

À Saint-Denis, les émeutiers ont fait partir en fumée le Centre administratif de la ville. Le bâtiment situé non loin de l’hôtel de ville a été incendié vers 0h30 : c’est toute une aile du centre administratif, comprenant le service d’état civil qui a été ravagée.

A Drancy : le supermarché Carrefour et la galerie marchande pris pour cible et complètement pillé par un groupe de jeunes


Seine-et-Marne

A Nemours, malgré le couvre-feu en vigueur à partir de 22h, l’Espace culturel qui accueillait l’association La Scala et la salle municipale Claude Monet, est totalement détruit par un incendie.


Yvelines

A Mantes-la-Jolie, le centre des impôts implanté sur la place Jean-Moulin, dans le quartier du Val-Fourré, est la cible d’un incendie volontaire peu avant 3 h du matin. Il est complètement inutilisable et le restera « au moins jusqu’à fin octobre » selon les autorités : le couloir est dévasté, tous les câbles électriques ont fondu. À cause de la suie qui s’est infiltrée dans les locaux, l’air est irrespirable dans tous les bureaux.


Val d’Oise

Persan (Val d’Oise), nuit du 30 juin au 1er juillet : la mairie saccagée puis incendiée
Persan (Val d’Oise), nuit du 30 juin au 1er juillet : le local de la police municipale et centre de vidéosurveillance y est passé aussi

A Persan, la mairie a été incendiée dans la nuit. La porte a été totalement détruite et tout a été dévasté par les flammes. C’est vers 1h30 que l’incendie a été signalé : le bâtiment a été détruit à 80 %. Par ailleurs, le poste de police municipale et le centre de supervision urbain (vidéosurveillance) ont été totalement détruits.


Hauts-de-Seine

Nanterre (Hauts-de-Seine),nuit du 30 au 1er juillet : le car de tourisme en cendres
Nanterre (Hauts-de-Seine),nuit du 30 au 1er juillet : attaque des locaux de la DCPJ

A Nanterre (Hauts-de-Seine), ville où vivait le jeune Nahel assassiné mardi par un policier, un car de tourisme est parti en fumée près de la gare RER Nanterre Ville. Aux alentours de 3h30 du matin, les locaux de la Direction centrale de la Police judiciaire (DCPJ) ont été attaqués. Les émeutiers n’ont pas réussi à pénétrer à l’intérieur mais des vitres ont été brisées. Dans le même périmètre, une banque, une boulangerie et un supermarché ont été saccagés.


Val de Marne

A L’Haÿ-les-Roses, la Halle de style néo-Baltard inaugurée l’an dernier a été incendiée par des tirs de mortiers. Des inscriptions destinées aux autorités locales telles que « On a vos adresses…on va vous brûler » ont par ailleurs été retrouvées sur place.


Sud

Nîmes (Gard), nuit du 30 juin au 1er juillet : incendie du hall de la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer)

A Nîmes (Gard), le rez-de-chaussée du bâtiment de la Direction départementale des territoires et de la mer situé près du quartier Pissevin a été détruit par le feu sur 300m2. Quatre autres bâtiments ont aussi été incendiés dont un opticien, un bureau de tabac, une agence du Crédit agricole.

Montpellier (Hérault), nuit du 30 juin au 1er juillet : le bureau de Poste du quartier de la Mosson

A Montpellier (Hérault), plusieurs dégradations et pillages de commerces ont lieu aussi bien au centre-ville (la bijouterie Swarovski, boutiques Orange et Dior) que dans les quartiers Petit-Bard, Cévennes ou cité Astruc (bureau de tabac, distributeur du Crédit agricole…). Dans le quartier de la Mosson, le bureau de Poste est entièrement incendié.

Toulouse (Haute-Garonne), nuit du 30 juin au 1er juillet : ouverture du concessionnaire Yamaha au tractopelle volé

A Toulouse (Haute-Garonne), près du quartier Sept-Deniers, un magasin de motos Yamaha, situé au 6, rue Louis Bonin a été vandalisé par un groupe d’individus qui n’ont pas hésité à utiliser un tractopelle volé pour enfoncer la vitrine du magasin vers 3h, après avoir d’abord détruit le portail d’entrée de cette mini zone commerciale.  Plusieurs motos ont été volées (et sept personnes arrêtées sur une trentaine d’assaillants).

A Privas (Ardèche), dans le quartier Lancelot, un camion d’Ardèche Habitat a été incendié.

Bordeaux (Gironde), soirée du 30 juin

A Bordeaux (Gironde), un rassemblement contre les violences policières s’est déroulé place de la Bourse en début de soirée malgré l’interdiction de rassemblement décrétée par la préfecture. Un cortège a ensuite défilé dans le centre-ville. Des poubelles ont été brûlées et des vitrines brisées notamment dans la rue Sainte-Catherine, la principale artère commerçante de la ville.

Agen (lot-et-Garonne), nuit du 30 juin au 1er juillet : pillage du supermarché Netto

A Agen (Lot-et-Garonne), dans le quartier de Montanou, la station de lavage et le supermarché Netto contigus ont été attaqués vers 23h. La première a été brûlée quand le deuxième a été pillé, après avoir brisé sa vitrine avec à coups de chariots.

Marseille (Bouches-du-Rhône), nuit du 30 juin au 1er juillet : le Aldi des Flamants (14e) pillé et cramé

Marseille (Bouches-du-Rhône), nuit du 30 juin au 1er juillet : une des bijouteries pillées

A Marseille (Bouches-du-Rhône), Après de premiers affrontements en début de soirée sur la Canebière, la situation s’est rapidement tendue. De nombreux magasins ont été pillés après avoir subi des dégradations, et le magasin Aldi des Flamants (14e arr.), a été incendié. Après avoir détruit un mur et forcé la vitrine, « Cinq à huit » fusils de chasse ont été dérobés dans l’une des deux armureries de la ville, Negrel et Mistral, située rue d’Aubagne, lors des émeutes. Au cours de la nuit, les centres commerciaux en périphérie de la ville (Le Merlan, les Terrasses du Port, le Centre Bourse, Grand Littoral) sont attaqués  avec plus ou moins de succès.

Marseille (Bouches-du-Rhône), nuit du 30 juin au 1er juillet : un car de touristes incendié lors de l’émeute

Par ailleurs au cours de cette émeute, un car de l’entreprise drômoise Rapid’Bleus, qui était à Marseille pour accompagner un groupe de touristes de Romans-sur-Isère en voyage organisé, a été réduit en cendres près du Vieux port. Et un autre car, cette fois rempli de 40 touristes chinois, a eu son pare-brise réduit en miettes pendant qu’il tentait de manoeuvrer pour s’éloigner de l’émeute, certains de ses passagers se prenant aussi des pierres, ce qui a provoqué une condamnation officielle du ministère chinois des Affaires étrangères.

Selon un dernier bilan des autorités, 95 personnes ont été interpellées durant la nuit, et 31 policiers blessés. Par ailleurs, une unité de CRS est arrivée en renfort dans la nuit et des renforts de gendarmerie ont également été déployés à Marseille, en appui des policiers. L’association Marseille Espérance qui rassemble les chefs spirituels des différentes communautés religieuses de Marseille, a de son côté lancé « un appel à l’apaisement ».

[Synthèse de la presse régionale et nationale, 1er juillet 2023]