Hambourg (Allemagne) : saboter le trafic de marchandises d’un des plus grands ports d’Europe

[La nuit de jeudi 7 à vendredi 8 septembre à Hambourg, un triple sabotage a été mené contre le trafic ferroviaire de marchandises d’un des plus grands ports d’Europe (Hambourg se place en tonnage juste après ceux de Rotterdam et d’Anvers). Vers 2h40, l’incendie d’un premier regard de câbles a été signalé sur la voie de contournement ferroviaire au nord de la ville, à hauteur de la rue Deelwisch. Puis vers 3 heures, un second incendie a été signalé au sud-est sur une ligne ferroviaire dans le secteur de Walter-Rudolphi-Weg à Allermöhe, et enfin un troisième vers 3h40 directement sur la ligne du chemin-de-fer portuaire (la Hamburger Hafenbahn),  à la hauteur de Heykenaukamp. A chaque fois, ce sont les câbles de signalisation et communication situés le long des voies dans des regards qui ont été détruits par ces incendies volontaires.
En plus d’avoir impacté la circulation des containers sur train en provenance ou à destination du Port, ce sabotage a aussi eu des conséquences sur les trains de voyageurs longue distance, notamment entre les deux plus grandes villes d’Allemagne (Hambourg et Berlin), où vendredi 11 trains ont été totalement annulés, 17 l’ont été partiellement et 21 ont été considérablement retardés. Le trafic ferroviaire  de voyageurs ne sera de retour à la normale que dimanche, et inutile de dire que ce sabotage a provoqué un tollé outre-Rhin chez les autorités, avec par exemple le ministre fédéral des Transports Volker Wissing fustigeant « les extrémistes climatiques » (Klimaextremisten) qui « ont encore abaissé leur seuil d’inhibition » avec « de telles attaques qui constituent une forme de terrorisme ».
On trouvera ci-dessous la traduction de l’allemand du communiqué sorti le jour même (8 septembre) sur de.indymedia.
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Switch Off ! Sabotage décentralisé de l’infrastructure capitaliste
à Hambourg

La nuit du 7 septembre, nous avons saboté des artères de l’infrastructure capitaliste à Hambourg. Nous avons choisi pour cela plusieurs points névralgiques du transport de marchandises et avons décidé, dans ce cas, de nous limiter à des tronçons qui ne sont pas utilisés pour le transport de personnes. Quelques litres d’essence dans les trappes de câbles le long des rails devraient entraîner des pannes ou des restrictions de circulation aussi longues que possible dans le transport de matières premières obtenues, par exemple, dans le cadre de l’exploitation néocoloniale et de l’extractivisme destructeur de la planète.

Chaque année, des millions de tonnes de marchandises et de matières premières sont transbordées à Hambourg, ce qui augmente la richesse des exploiteur/euse.s du Nord global au détriment du soi-disant Sud global. Nous avons voulu mettre un frein réel à cette machinerie. En même temps, nous montrons aussi notre solidarité avec les communautés touchées par la destruction industrielle dans le monde entier, et avec celles et ceux qui se trouvent derrière les barreaux pour avoir lutté contre le capitalisme et l’État. Nous nous joignons également à la lutte qui s’étend contre le projet d’infrastructure ‘Tren Maya‘ au Mexique, auquel participent des entreprises allemandes comme la Deutsche Bahn, dont l’infrastructure nous semble être une cible appropriée pour montrer notre solidarité ici aussi.

La voie ferrée portuaire au sud de Hambourg, les rails du terminal DUSS à Billwerder et le tracé nord de la voie ferrée de contournement pour le fret ont été sabotés. Tous ces éléments constituent des infrastructures critiques pour le transbordement des navires au rail, du rail à la route et pour la redistribution des matières premières et des marchandises vers l’extérieur ou l’intérieur du pays.

Le chemin de fer de l’Autorité portuaire de Hambourg (HPA) est la seule connexion au réseau ferroviaire ordinaire pour différents secteurs du port de Hambourg. On peut par exemple citer l’interconnexion avec le port de Sandau et du terminal adjacent de Hansaport. Dans ce terminal, conçu pour les marchandises en vrac, plusieurs millions de tonnes de charbon et de minerai de fer sont transbordées chaque année avant d’être acheminées vers différentes centrales électriques au charbon ou des aciéries, comme celle de Salzgitter AG. 70% de ce transport est effectué par le réseau ferroviaire. Il est bien connu que la production d’acier est extrêmement nocive pour le climat et que l’approvisionnement en minerai est lié aux conditions d’exploitation néocoloniales. Il en va de même avec le charbon provenant par exemple de Colombie, ou avec le pétrole importé au port pétrolier. Avec les combustibles fossiles importés au port de Hambourg, les groupes énergétiques réalisent comme d’autres des milliards de chiffre d’affaires en profitant des crises et de la destruction de l’environnement.

Hambourg (Allemagne), 8 septembre : un des trois endroits où les câbles ont été incendiés le long des voies ferroviaires

De plus, le terminal à containers de Burchardkai (CHB) – le plus grand de la compagnie de logistique et de transport HHLA – ou l’immense Europort Terminal sont également reliés par la voie ferrée portuaire. Environ 50 millions de tonnes de marchandises sont actuellement transportées chaque année via la ligne ferroviaire du port de Hambourg. Bien entendu, cela inclut également des pièces destinées à l’industrie de l’armement et des transports liés au nucléaire. Habituellement, un train de fret circule ici toutes les dix minutes, jour et nuit. L’été dernier, le tronçon concerné a déjà été bloqué pendant quelques heures dans le cadre d’un camp pour le climat et partiellement recouvert de ballast.

Le terminal de transbordement de la DUSS (Deutsche Umschlaggesellschaft Schiene – Straße, qui s’occupe du transbordement rail-route) de la Deutsche Bahn [SNCF allemande] est le plus grand terminal de transbordement du nord de l’Allemagne. Plusieurs centaines de milliers de containers ou autres unités de chargement y sont transbordés chaque année des trains vers les camions et vice-versa. Stratégiquement situé et bien relié à l’autoroute et à la ligne ferroviaire de fret de Hambourg, le terminal est un maillon important de la chaîne d’approvisionnement des marchandises d’exportation et d’importation les plus diverses. Toutes sortes de marchandises y sont chargées en vue de leur transport ultérieur vers des pays européens ou asiatiques, y compris bien sûr des pièces pour l’industrie de l’armement, des voitures ou des vêtements de la fast-fashion.

L’objectif de la ligne de contournement de Hambourg est de faire passer le trafic de marchandises par la périphérie nord ou sud de Hambourg, afin de réduire les interférences avec le trafic de passagers sur la ligne de raccordement. Nous avons décidé d’attaquer ici, car il s’agit d’un goulet d’étranglement dans le réseau ferroviaire de Hambourg.

Hambourg est une métropole capitaliste où convergent de nombreuses chaînes logistiques. Si nous voulons supprimer le capitalisme, pourquoi ne pas s’attaquer ici, à l’infrastructure qui le soutient ? Avec des moyens aussi simples que possible, qui ont parfois des impacts étonnamment importants sur un réseau qui ne peut guère être protégé partout ? Nous considérons le sabotage comme une attaque réelle contre le système d’exploitation, comme une expérience mais aussi comme une proposition pour intensifier les luttes locales contre le néocolonialisme et la destruction du climat.

Le capitalisme global continuera à détruire cette planète, que ce soit avec les énergies fossiles ou avec la nouvelle exploitation « verte » de la terre. Il continuera à défendre l’injustice de ses richesses avec des fusils et des fils barbelés contre les exclus. En tant que révolutionnairEs, nous considérons qu’il est de notre responsabilité d’attaquer les richesses du Nord global. Nous devrons saboter l’avancée de l’industrie capitaliste en son cœur, chaque fois que c’est possible.

Fight the system of destruction !