Prison de la Santé
y’en a ras-le-bol des voisins
vigilants
C’est un marronnier, un sujet qui revient chaque saison. On ne parle pas que des soldes et de la rentrée des classes, des chiffres du chômage, de la délinquance et de la surpopulation carcérale. On parle de ce que des voisin-es de la prison parisienne de la Santé appellent des « nuisances » qu’iels« subissent ». Pour ces habitants du chic 14e arrondissement, entendre les prisonnier.e.s, les voir depuis leurs fenêtres, torse nu à 40° en été derrière leur barreaux, et même que des proches leur rendent visite, c’est trop. Constitués en association, ces auxiliaires de l’administration pénitentiaire demandent l’installation de bâches sur l’école maternelle, voudraient des rideaux homogènes et que les objets accrochés aux barreaux soient interdits. Il faudrait cacher joliment les prisonnier.e.s quitte à ce que ces dernier.e.s n’aient comme horizon que les quatre murs de leur cellule.
Heureusement, presque chaque jour, chaque soir, des gens viennent saluer leurs potes enfermé.e.s, crier ou faire un feu d’artifice. Mais aussi discuter, s’embrouiller avec les matons pour un regard ou un retard après leur journée en semi-« liberté » avant de retourner au placard.
Keufs, matons et voisins, unis contre les « projections »…
Des colis sont envoyés par dessus les murs, souvent des téléphones pour communiquer avec l’extérieur, du haschich, de la bouffe, de l’alcool. Tout cela coûte cher, est difficile à se procurer ou interdit, les prisonnier.e.s se les font donc envoyer. Ça fait bien chier l’administration pénitentiaire et les matons qui voudraient avoir le monopole sur tout ce qui rentre et sort, pour protéger leur business et leur sécurité.
Les voisins viennent aider les matons en demandant depuis des années l’installation d’un filet pour bloquer les colis (projet rejeté pour l’instant, cheh ! ). Ils vont aussi demander dans la presse qu’il y ait plus de patrouilles de police qui passent pour arrêter les lanceurs. D’ailleurs la préfecture de police se targue d’avoir arrêté 141 personnes en 2023. On souhaite bonne chance aux prochain-es et bon vent à tou-tes celleux qui se sont pas fait-es toper !l
+ de prisons, + éloignées, + de prisonnier-es…
Pour pouvoir continuer à enfermer encore plus, alors qu’il y a de plus en plus de personnes entassées dans les taules, l’État ne cesse de proposer de nouveaux plans de constructions de prisons. Afin de les éloigner de la vue des « bons citoyens » l’administration pénitentiaire choisit de construire les nouvelles prisons en dehors des villes.
Pour les proches de prisonnier.e.s, cet éloignement des prisons de la ville et donc de ses transports en commun rend encore plus difficile l’accès au parloir. Dans certaines situations, les proches doivent même trouver un hébergement sur place car un aller-retour dans la journée n’est pas envisageable. En plus,un retard au parloir signifie pas de parloir ! Heureusement des solidarités existent et des proches s’auto-organisent.
Le but de la prison étant d’isoler les prisonnier.e.s du reste de la société, moins il y a de contacts possibles avec l’extérieur, moins les gens sont au courant de comment ça se passe à l’intérieur et mieux le système se porte. D’ailleurs samedi 20 janvier 2024 un détenu a été retrouvé pendu dans sa cellule de la Santé. Ça fout la rage pour lui et pour tout-es les autres. Briser cet isolement, c’est attaquer le système violent et mortifère de la prison.
Ugo Boscain y’a pas pire comme voisin
Si comme Ugo Boscain, président de l’association des riverains de la Santé, ou sa prédécesseuse Anne-Laure Peugeot :
Vous voulez un quartier sans encombres dans lequel la prison est cachée derrière des arbres ou des jeux pour enfants ;Vous acceptez la prison si elle est silencieuse, sans échanges avec l’extérieur ;
Sachez que ça n’arrivera jamais !
Tant qu’il existera des lieux d’enfermement,il y aura du bruit, des liens qui dépassent les quatres murs et des gens qui se révoltent !Solidarité avec les luttes de prisonnier-e-s et des proches.
Vive la révolte contre l’enfermement
LIBERTÉ POUR TOU-TE-S
[Trouvé sur Indymedia Nantes, 7 février 2024]