Chili : confirmation de la condamnation de Francisco à 86 ans de taule + une lettre de Mónica

[Le 7 décembre 2023, après quatre mois d’audiences, la 6e Cour pénale orale de Santiago du Chili a prononcé son verdict contre les compagnon.nes anarchistes Mónica Caballero et Francisco Solar, accusé.es de plusieurs attaques explosives en 2019 et 2020 contre l’ex-ministre de l’Intérieur, une caserne de carabiniers et un immeuble dans un quartier de riches. Mónica a été condamnée à 12 années de prison et Francisco à 86 années. On pourra relire ici le détail du verdict et leur déclaration devant les juges.
Suite à cela, seul Francisco avait fait appel, dans l’objectif d’obtenir un recalcul des peines vers le bas. Le 27 mars 2024, c’est donc la Cour d’appel de San Miguel qui s’est prononcée sur le sujet… confirmant ces 86 années de taule, soit une perpétuité à peine cachée. On trouvera ci-dessous une traduction de l’espagnol à ce propos, ainsi qu’une lettre de Mónica depuis la taule, à l’occasion du 8 mars.]


Confirmation de la condamnation à 86 ans de prison
contre le compagnon Francisco Solar

(traduit de informativo anarquista, 29 mars 2024)

Finalement, le 27 mars 2024, la justice a confirmé la condamnation du compagnon anarchiste Francisco Solar à 86 ans de prison, pour des attaques à l’explosif contre les puissants, les répresseurs et le quartier des riches, en rejetant la demande de la défense.

Dans la pratique, cette peine demeure une réclusion à perpétuité déguisée. Nous réitérons l’appel à surmonter l’impuissance et la frustration face à la ratification de cette attaque étatique, en voyant cette condamnation comme un coup porté à l’ensemble du mouvement anarchiste. Notre solidarité légitime l’attaque et défend les compagnon.nes dans l’action anarchiste et informelle.

Solidarité avec celles et ceux qui attaquent les puissants et les répresseurs !
Liberté pour Francisco Solar !



Contre le patriarcat, à la recherche des fondements des chemins négateurs de l’anarchie
(traduit de La Zarzamora, 5 mars 2024)

Le système économique qui régit actuellement le territoire dominé par l’État chilien et pratiquement tous les États occidentaux est le capitalisme. En quelques mots simples, le capitalisme s’est fondé sur le fait que le commerce et l’industrie (moyens de production) sont organisés et contrôlés par leurs propriétaires, c’est-à-dire : les hommes d’affaires.

Pour que le capitalisme s’enracine et perdure dans le temps en tant que système politique et économique, il a eu besoin d’une structure sociale patriarcale, cette dernière étant comprise comme l’organisation sociale où l’autorité du mâle s’exerce à partir de la famille, finissant par s’étendre dans toutes les pratiques de domination. C’est pourquoi on pourrait difficilement poser un changement radical émancipateur sans en passer par la totale destruction du capitalisme et du patriarcat.

Les structures oppressives et autoritaires patriarcales ont (dé)formé
pratiquement toutes les relations que nous entretenons avec les autres et avec nous-mêmes. Un.e autre humain.e n’est plus un autre individu dans un rapport d’égalité, avec qui nous pourrions nous entraider et nous développer de manière intégrale, et la relation entre humain.es dépend désormais du poste occupé dans la hiérarchie sociale.

Par ailleurs le rapport avec les êtres non-humains est subordonné au bénéfice économique que ces derniers pourraient rapporter, les transformant ainsi en produits de consommation. Et pour finir, la vision de nous-mêmes qu’a créée le patriarcat est limitée et circonscrite à des canons ou des modèles imposés sur le plan esthétique, de genre, etc.

Se doter des instruments nécessaires pour détruire les logiques de domination, qui nous font reproduire et perpétuer le besoin de dominer et d’être dominé.e.s de différentes manières, est la tâche de toutes celles et ceux qui comme nous aspirent à voir cette réalité brûler…

Visualiser que le capitalisme patriarcal apporte des richesses à
quelques-uns aux dépens de la vie de beaucoup d’autres pourrait
impliquer que l’on puisse identifier et attaquer les bénéficiaires de ce système de terreur. Contre le patriarcat, à la recherche des fondements des chemins négateurs de l’anarchie.

Mónica Caballero Sepúlveda,
prisonnière anarchiste,
prison de San Miguel – Chili
(écrit dans le contexte du 8 mars 2024)