Mais qui a dit que l’été n’était pas propice aux attaques incendiaires contre des structures de la domination ? Pas la police de la capitale bavaroise, en tout cas, où ces dernières n’ont pas cessé. Le 8 juillet, c’est en effet un engin de chantier qui a cramé le long du Föhringer Ring, au nord de Munich, en détruisant les câbles de télécommunication situés le long du pont. Le 16 juillet, c’est une antenne de téléphonie mobile qui a cramé dans le parc de Forstenrieder, au sud de Munich. Puis le 26 juillet, ce sont cinq engins du chantier de construction de la station de métro de Martinsried qui ont été touchés par les flammes à Planneg, cette fois à l’ouest de la ville. Et le 27 juillet, vers 22h30, c’est une machine forestière, utilisée pour les travaux d’abattage de gros arbres, qui a été engloutie par les flammes dans la forêt de Perlach, au sud de la ville, avec encore une fois plus de 100 000 euros de dégâts.
Autant de destructions anonymes qui ont de quoi donner le tournis à des uniformes qui ne savent plus à quel Saint se vouer et dans quelle direction creuser, si bien que des hélicos se sont même mis à tournoyer de nuit dans le ciel munichois afin de partir à la pêche aux saboteureuses. Toujours en vain.
La nuit de dimanche à lundi 14 août, vers 3h30 du matin, l’équipage d’un hélicoptère de la police a ainsi remarqué –mais un peu tard pour lancer la chasse– un nouvel incendie de pelleteuse. Celle-ci se trouvait à la hauteur du barrage central de la rivière Isar, entre Pullach et Höllriegelskreuth au sud de la ville, et appartenait à l’entreprise communale Stadtwerke München (SWM), une des plus grandes sociétés du secteur de l’approvisionnement en énergie d’Allemagne. Les dégâts sont estimés à « plusieurs centaines de milliers d’euros » par les flics, et l’enquête a une fois de plus été confiée au Kommissariat 43 (infractions à la sécurité de l’État).
Mais ce n’est pas tout. D’une part parce que l’été n’est pas terminé, et d’autre part parce que les petits malins auront remarqué qu’il manquait un point cardinal dans cette belle continuité. Ben oui, il n’y avait pas de raison à ce que les intérêts de la domination situés à l’est de la ville échappent aux flammes !
La nuit de mardi à mercredi 16 août, vers 2h30 du matin, sur le chantier de l’autoroute A94 du côté d’Anzing, à une quinzaine de bornes à l’est de Munich, c’est ainsi qu’un gros engin de chantier est à son tour parti en fumée. Selon la police criminelle, il s’agit probablement d’un incendie volontaire, et les liens avec des cas similaires, y compris dans toute la zone de la préfecture de police de Munich, sont examinés. L’engin calciné était un finisseur d’asphalte stationné sur le chantier, et les dégâts sont à nouveau évalués à plus de 100 000 euros.
Avec deux beaux engins de chantier supplémentaires réduits en cendres, l’un à la veille du 15 août et le second après la fête de l’Assomption, si la Sainte à laquelle se voue la police munichoise pour tenter d’attraper les incendiaires se nomme encore Marie… c’est qu’elle ne doute vraiment de rien !
[Synthèse de la presse allemande (Merkur/Süddeutsche Zeitung), 14 au 16 août 2023]