Mercredi 18 octobre, le peu loquace procureur général de Munich s’est fendu d’un communiqué destiné à rassurer le brave électeur bavarois. Cette fois, il ne s’agissait en effet pas pour lui de lécher comme de coutume la main des autorités, mais de rendre public quelques éléments à propos d’une affaire qui lui donne pas mal de fil à retordre depuis le début du mois. C’est ainsi qu’il a annoncé la création d’un groupe spécialisé dénommé « Geo », composé de divers enquêteurs de la police judiciaire, dont l’objectif est notamment d’étudier les sabotages qui ont été commis à travers toute la Bavière. D’ailleurs, ce n’est peut-être pas tout à fait un hasard si la presse locale s’alarmait dès la semaine dernière sur le fait que « les actes à motivation politique ont considérablement augmenté » dans la région ces derniers temps, notamment contre les infrastructures de communication, de transport et d’énergie.
Concrètement, le nom de cette task force policière annoncée en grande pompe par le procureur fait référence au triple sabotage incendiaire survenu à Polling la nuit du dimanche au lundi 2 octobre dernier, vers 3h30 du matin, dans ce village situé à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Munich. Là, sous les étoiles et en quelques minutes à peine, ce sont dix engins de chantier et le transformateur électrique présents sur le site d’une centrale géothermique en construction, mais aussi un véhicule d’extraction de bois garé dans la forêt adjacente, ainsi qu’un puits de câbles situé le long de la ligne ferroviaire Mühldorf-Garching qui sont volontairement partis en fumée.
Au vu notamment des dégâts causés (estimés à 2,5 millions d’euros) contre la future centrale à géothermie dans la zone industrielle –dont le chantier des forages d’eau chaude à 2600 mètres de profondeur a débuté en avril–, et contre la Deutsche Bahn dont le trafic ferroviaire a été interrompu entre Salzbourg (Autriche) et Munich (Allemagne), c’est l’Office central bavarois de lutte contre l’extrémisme et le terrorisme (ZET) qui a été rapidement saisi.
Alors que la nuit même un hélicoptère de flics avait survolé en vain la zone en quête d’éventuels suspects, que des experts de l’anti-terrorisme s’étaient rendus sur les différents lieux les jours suivants pour les analyser et ratisser les environs, c’est désormais le groupe d’enquête « Geo » qui va donc échanger les informations recueillies sur place avec l’ensemble des services policiers du Land de Bavière afin d’élargir ses recherches aux attaques « similaires »…
[Synthèse des médias régionaux allemands (Oberbayerische Volksblatt & BR24), 2-18 octobre 2023]