Guémené-Penfao (Loire-Atlantique) : défoncer la mairie plutôt que la nature

Une mairie une nouvelle fois dégradée après la décision
de rouvrir une carrière

Ouest-France/Infos Pays de Redon, 12 & 18 octobre 2023

Ce jeudi 12 octobre, les habitants de Guémené-Penfao (Loire-Atlantique), près de Redon, ont découvert la façade de leur mairie dégradée et les vitres cassées, un pieu en bois a également servi à transpercer la porte vitrée qui mène dans la salle du conseil. Les dégâts sont importants.

Au sol est inscrit en rouge « Assassins » ; et une référence au groupe Pigeon, entreprise qui a demandé à réexploiter la carrière du Tahun, est inscrite sur un autre tag. Le pieu en bois proviendrait des clôtures du site situé près de la chapelle des Lieux-Saints. « Outre sept baies vitrées détruites, on a même eu des bombes de peinture rouge qui ont explosé dans la salle du conseil… » raconte la maire, qui évalue les dégradations à plusieurs dizaines de milliers d’euros.

Déjà la semaine dernière (5 octobre), l’hôtel de ville avait été la cible de vandalisme avec des vitres cassées et des inscriptions. En juillet, des slogans avaient déjà été inscrits sur la façade de la mairie et la vitre du panneau lumineux avait été brisée. Ces actes avaient été perpétrés peu après l’annonce par la préfecture de l’arrêté autorisant la réouverture de la carrière de granulats.

La mairie rit bien jaune, ou ne rit plus du tout. Et s’interroge même sur « ce contexte irrationnel dans lequel nous sommes : l’exploitation de la carrière a été votée majoritairement en conseil municipal, après deux enquêtes publiques. La démocratie a parlé. Tout a été fait dans les règles de consultation. Aussi, si on remet tout en cause, on ne croit plus en rien alors ! » La maire, Isabelle Barathon-Bazelle, favorable au projet de réouverture de la carrière du Tahun se dit aussi « consternée devant une telle bêtise » : « je ne sais même pas comment je vais pouvoir célébrer les mariages vu l’état de la salle ».


Au Tahun, les travaux de réouverture de la carrière ont démarré
Ouest-France 25 août 2023 (extraits)

Le 30 juin dernier, la préfecture de Loire-Atlantique donnait sa décision dans la demande de la société Pigeon carrières de rouvrir l’ancienne carrière du lieu-dit Tahun, à Guénouvry (Guémené-Penfao), en Loire-Atlantique. Il est prévu que dans les 7,6 ha, l’extraction de roches massives soit de 180 000 tonnes en moyenne par an, et maximum 250 000 tonnes, soit 2,6 millions de tonnes sur quinze ans. Le trafic est estimé à cent camions par jour, qui passeraient notamment par la RD42, en plein bourg de Conquereuil. Et 280 000 tonnes de déchets de gravats seraient enfouis dans l’actuel plan d’eau, vidé au préalable.

Depuis la fin de l’exploitation, il y a trente-cinq ans, la nature avait repris ses droits. Un collectif de riverains contre ce projet s’est constitué en 2020 et ne baisse pas les bras depuis, malgré l’autorisation préfectorale.

Mardi 22 août, la société Pigeon a démarré les travaux de sécurisation du site et du bornage. En effet, depuis des dizaines d’années, l’endroit est prisé des promeneurs bien que le site soit privé. « La nature est reine, ici, on y trouve d’ailleurs une centaine orchidées sauvages, des spiranthes d’automne qui sont en pleine floraison et en passe d’être rasées, évoque Édouard Jeanloz, l’un des membres du collectif, attristé. L’endroit est magique huit mois sur douze. »

L’autre point d’achoppement est la préservation de la ressource en eau, l’ancienne carrière se trouvant sur une source qui, selon des souvenirs anciens d’habitants, aurait permis d’alimenter en eau les villages alentour lors d’une forte sécheresse en 1921 qui aurait duré dix-huit mois.