Espagne : les émeutes s’étendent à une vingtaine de villes

[Précisons que la presse espagnole fait son travail en la jouant particulièrement lourd, pointant des affrontements entre « négationnistes [du virus] et la police » pour désigner les contestataires en général (dans El Pais, par exemple), insistant sur l’extrême-droite et les « anti-système » à Madrid, sur l’extrême-gauche ou les indépendantistes à Barcelone, mais aussi sur le rôle de « jeunes migrants » et « délinquants habituels » dans les pillages et attaques de commerces, pour celleux qui aiment les petites cases. De plus, il y a également eu de telles manifestations émeutières dans d’autres régions que la dépêche ci-dessous, comme au Pays-Basque à Bilbao, Vitoria, Arrasate, San Sebastián et Eibar. Côté chronologie selon les services de renseignement espagnols, les « premiers incidents d’importance » ont commencé mardi dernier à Séville dans le quartier pauvre de Pino Montano, touchant jeudi Bilbao puis vendredi Barcelone, Burgos (dans le quartier de Gamonal), Santander, Valencia et Zaragoza, et samedi une vingtaine de villes au total dont Vitoria, Logroño, Madrid, Guadalajara, Sevilla, Granada, Cartagena, Barcelone…
Enfin en Italie, où les manifestants sont plus ou moins hétérogènes selon les villes (Naples, Turin, Milan) depuis la semaine dernière, il y a notamment eu des affrontements nocturnes à Rome samedi (où sont pointés les fascistes) mais aussi à Florence la veille avec molotovs et pierres contre les forces de l’ordre (où la police a mis en avant les « quatre arrêtés proches de la sphère anarco-insurrectionaliste »].

Nouveaux affrontements en Espagne entre manifestants anti-restrictions et police
AFP, 1er novembre 2020

Dans certaines villes, les manifestations ont été suivies d’actes de vandalisme et de pillages dans la nuit de samedi à dimanche.

Les troubles les plus importants se sont produits à Madrid, où de nombreux manifestants scandant « Liberté ! » ont mis le feu à des bennes à ordures et érigé des barricades de fortune sur la Gran Via, la principale artère du centre de la capitale, selon des images sur les réseaux sociaux. Ils ont lancé des pierres et des fusées éclairantes sur la police, intervenue pour les disperser.

Douze personnes ont été légèrement blessées dans les affrontements, dont trois policiers, selon les services d’urgence. La police a indiqué avoir interpellé 32 personnes.

La cheffe du gouvernement régional de Madrid, Isabel Diaz Ayuso, a imputé les troubles à « des groupes organisés qui cherchent à tirer profit de la situation et des craintes de la population ». « Les personnes qui sèment le chaos dans les rues ne sont pas les plus vulnérables au virus ni celles qui luttent pour leur vie », a-t-elle ajouté dans un tweet.

Les manifestants dénonçaient le couvre-feu nocturne imposé la semaine dernière et le bouclage décrété par la quasi-totalité des régions espagnoles afin de limiter les déplacements avant le week-end de la Toussaint, dans l’espoir d’éviter un nouveau confinement.

Logroño, 31 octobre : saccage et pillages de commerces

À Logroño, la capitale de la région vinicole de La Rioja, dans le nord, un petit groupe de protestataires a mis le feu à des bennes à ordures et brisé les devantures de boutiques, à la suite d’une manifestation pacifique contre la fermeture des bars et des restaurants. Des jeunes portant des capuches et des masques sont sortis d’un magasin d’habillement les bras chargés de marchandises alors que l’alarme retentissait, selon des images sur les médias locaux.

« Nous travaillons pour gagner notre vie et en cinq minutes, ils détruisent notre existence », s’est plaint sur une chaîne locale la propriétaire du magasin, Cristina Perez, la voix brisée par l’émotion. Six personnes ont été interpellées à Logroño, selon une porte-parole de la police nationale. Dix autres ont été interpellées à Bilbao et Santander (nord).

À Malaga, où un petit groupe de manifestants a également renversé des bennes à ordures et lancé des bouteilles en direction de la police, au moins une personne a été arrêtée.

Le premier ministre Pedro Sanchez a condamné ces troubles dans un tweet, affirmant que « le comportement violent et irrationnel de groupes minoritaires est intolérable ». « C’est uniquement à travers la responsabilité, l’unité et le sacrifice que nous pourrons vaincre la pandémie qui dévaste tous les pays », a-t-il ajouté.

M. Sanchez a ensuite remercié un groupe de jeunes qui sont descendus dans les rues de Logroño dimanche matin pour déblayer les débris, qualifiant cette réaction d’« admirable » dans un tweet qui comportait un lien vers un reportage télévisé. « La jeunesse de notre pays, c’est cela : la générosité, la responsabilité, l’engagement. Des valeurs qui nous valorisent en tant que société », a-t-il ajouté.

Le ministre de la Santé Salvador Illa a déclaré que « ce n’est pas le moment d’assouplir les mesures », ajoutant dans un tweet que « le comportement de groupes minoritaires est inacceptable ».

La nouvelle mairie de Barcelone, vendredi 30 octobre

Au moins 20 policiers avaient déjà été blessés dans la nuit de vendredi à samedi à Barcelone dans des affrontements avec des manifestants, dont 12 ont été interpellés. L’Espagne, l’un des pays les plus touchés en Europe, a dénombré jusqu’ici plus de 35 000 morts de la COVID-19, et 1,1 million de cas.