Berlin/Barcelone : attaques contre les représentations diplomatiques italiennes [MàJ]

Barcelone, 27 janvier 2023. La vitre du consulat italien en morceaux.

Deux attaques ont frappé vendredi 27 janvier soir les représentations diplomatiques italiennes à Barcelone et à Berlin. C’est ce que rapporte une déclaration du ministère italien des Affaires étrangères, La Farnesina : «  Des inconnus ont brisé la vitre du bâtiment où se trouve le consulat général à Barcelone, défigurant un mur de l’entrée du bâtiment » avec de la peinture rouge et des tags sur le bas-relief adjacent. Cinq personnes cagoulées ont été filmées par les caméras de vidéosurveillance vers 22h. Les Mossos d’Esquadra (police catalane) ont ouvert une enquête.

Et la même nuit à Berlin, dans le quartier de Schöneberg, ce ministère ajoute que « la voiture avec plaques diplomatiques d’un fonctionnaire en service à l’ambassade d’Italie a été incendiée ». La police scientifique a effectué des relevés et l’enquête confiée à la Sécurité allemande de l’Etat. Cette attaque enflammée contre l’Audi du Premier conseiller à l’ambassade d’Italie Luigi Estero s’est produite vers 3h10 du matin, et n’a bien sûr pas manqué de rappeler de mauvais souvenirs à sa collègue en poste à l’ambassade d’Athènes, Susanna Schlein. La sienne avait en effet cramé sous son domicile le 2 décembre dernier en solidarité avec Alfredo Cospito, désormais au 102e jour de sa grève de la faim dans le tombeau du 41bis à la prison de Sassari.

Si dans le cas catalan, des tags ont été laissés sur place, comme « Etat italien assassin » et « Liberté pour Cospito » (Estat Italià assassì  et Llibertat Cospito) , dans le cas allemand personne n’a pas non plus grand doute sur le fait qu’il s’agit également d’une action en solidarité avec l’anarchiste. En Italie, les hautes autorités de l’État, dont la première ministre d’extrême-droite Giorgia Meloni, ont aussitôt sonné l’alarme, demandant un nouveau renforcement de la surveillance des représentations italiennes à l’étranger ainsi que celle de ses diplomates zélés, qui pensent peut-être être exonérés de toute responsabilité dans l’assassinat en cours du compagnon enfermé dans les geôles italiennes.

[Synthèse de la presse italienne, 28 janvier 2023]


L’Italie suspecte les anarchistes d’être responsables
d’attaques contre ses diplomates

Le Figaro, 29 janvier 2023

Le gouvernement d’extrême droite italien a condamné dimanche 29 janvier une série d’actes de vandalisme contre ses représentations diplomatiques en Europe. Il suggère par ailleurs qu’elles ont été commises par des anarchistes, protestant contre la détention à l’isolement de l’un des leurs en Italie.

Le gouvernement a déclaré dans un communiqué qu’il «suivait avec préoccupation et attention les nouveaux cas de violence contre [ses] responsables officiels et les représentations diplomatiques» au même titre que «la violence urbaine» à Rome et à Trente, la balle envoyée par la poste au rédacteur en chef d’un journal de Toscane, et le jet d’un cocktail molotov contre un commissariat de police de la capitale.

«De tels actes n’intimideront pas les institutions», a affirmé le gouvernement. «En particulier si le but en est d’obtenir l’adoucissement des conditions de détention des responsables d’actes terroristes», a-t-il ajouté, sans citer explicitement le mouvement anarchiste.

Des protestations à travers toute l’Europe

Le mouvement anarchiste s’est mobilisé dans le pays ces dernières semaines, entraînant la mise en état d’alerte des autorités à Turin et à Trente la semaine passée, et des échauffourées ont éclaté samedi soir à Rome.

Vendredi 27 janvier, les fenêtres du consulat italien à Barcelone ont été brisées et un mur endommagé. À Berlin c’est la voiture d’un diplomate italien qui était incendiée, selon le ministère des Affaires étrangères. En décembre, des anarchistes grecs avaient revendiqué l’incendie de deux voitures diplomatiques italiennes à Athènes, déclarant avoir agi en soutien à Alfredo Cospito.

Le présumé leader de la FAI au cœur des tensions

Au cœur du conflit se trouve Alfredo Cospito, que la justice italienne considère comme le leader de la Fédération anarchiste informelle (FAI), est en grève de la faim pour dénoncer sa détention dans une prison de haute sécurité en Sardaigne, sous le régime «41-bis», généralement appliqué aux membres de la mafia.

Alfredo Cospito, 55 ans, a été condamné en 2014 à près de 11 ans de prison pour avoir blessé par balle le directeur d’une compagnie d’énergie nucléaire deux ans auparavant. Il purge également une peine séparée de 20 ans pour avoir placé des engins explosifs en 2006 sur des installations policières, sans faire de victimes.

Il observe une grève de la faim depuis octobre pour protester contre ses conditions de détention sous le régime de haute sécurité «41-bis», que les juges ont décidé de lui appliquer en avril dernier après avoir découvert qu’il continuait de correspondre avec le mouvement anarchiste. La détérioration de sa santé, selon son médecin, a relancé le débat en Italie sur ce régime de détention à l’isolement en quartier de haute sécurité.