Un des problèmes contemporains qui se pose à l’État en terme de gestion du troupeau humain –quand il ne lui ordonne pas de rester sagement au bercail–, est de s’assurer que les masses productives circulent sans interruption du domicile au boulot et aux centres de consommation tout en les tenant en même temps sous contrôle, soit d’arbitrer sans cesse entre fluidité et points de blocage. Une préoccupation qui concerne également tous ceux qui ont un petit ou un grand capital à faire fructifier, et s’empressent en bon intérêt de lui faciliter la tâche.
Depuis l’instauration du pass sanitaire le 21 juillet dernier, on assiste ainsi au déploiement de toute une armée de larbins avec ou sans uniforme qui scannent le fameux QR code (en exigeant parfois aussi une pièce d’identité pour vérifier la concordance avec son porteur) de clients de bars, de visiteurs d’Ehpad, d’usagers de trains, de fréquenteurs de piscine et clubs de sport, de consommateurs de grands centres commerciaux, de malades en consultation régulière à l’hôpital, etc. Et pour « fluidifier » tous ces contrôles, voici qu’un nouveau dispositif promis à un bel avenir est en train de débarquer : le bracelet sanitaire accroché au poignet.
Visible d’un simple coup d’oeil, léger, parfois coloré, inamovible à moins de le couper aux ciseaux, il permet à son élégant porteur double-vacciné ou récemment testé négatif d’éviter d’être contrôlé plusieurs fois dans un même lieu (c’est le discours officiel), mais surtout et en réalité de faciliter la tâche à l’armada de néo-contrôleurs de pass sanitaire. Alors, que pourrait demander de plus le troupeau citoyen en règle, à la fois désireux de déléguer à Papa-Etat la gestion de l’épidémie tout en s’évitant en même temps le tracas de contrôles à répétition par un petit personnel en mode flics bénévoles ? Rien, à moins d’inclure également dans ces petits bracelets sanitaires un GPS et un calculateur de distanciation sociale comme cela vient d’être testé sur des sportives de haut-niveau lors d’un récent championnat du monde, ce qui ne dérangera de toute façon pas beaucoup ceux qui se promènent déjà partout avec leur mouchard téléphonique en poche.
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