Archives de catégorie : Commentaires déplacés

Oust-Ilimsk (Russie) : mener sa propre guerre…

Lundi 26 septembre 2022, quelques jours après la mobilisation partielle décrétée par le président russe, un jeune chômeur de 25 ans se rendit d’un pas allègre dans le centre de recrutement de sa ville. Plus précisément à Oust-Ilimsk, à 600 kilomètres au nord d’Irkoutsk, en pleine Sibérie. Vers midi, il monta au quatrième étage de l’immeuble, avant d’atteindre la salle de réunion où se trouvaient déjà les autres futures recrues.

Face à elles se tenait le commandant du centre militaire, Alexander Eliseev, remplissant bientôt la pièce de ses discours martiaux et vociférant ses premières instructions. C’est alors que Ruslan Zinin lança aux jeunes qui l’entouraient : « Personne ne se battra » et « Maintenant, nous allons tous rentrer à la maison ! ». Puis, armé ‘de ses convictions, il sortit un petit pistolet artisanal de sous son blouson et tira dans la tronche de l’officier. Inutile de dire que le colonel ferma aussitôt sa grande gueule en s’effondrant au sol, avant de sombrer dans le coma et d’être transporté à l’hôpital en urgence absolue.

Ruslan Zinin n’avait pas reçu d’ordre de mobilisation pour partir à la guerre dans la lointaine Ukraine, contrairement à son cousin ou à son meilleur ami. Il s’était rendu au centre de recrutement de son propre chef, pour mener la sienne avec une arme faite maison, avant de tomber malheureusement dans les griffes de l’ennemi en tentant de s’enfuir. A ce jour, ce sont aussi 54 centres de recrutement ou locaux de l’administration militaire qui ont été incendiés à travers toute la Russie depuis le début de la guerre…

Paraguay : Beau comme des milliers de machines à voter qui partent en fumée

Jeudi 29 septembre 2022, un incendie s’est déclaré au cœur de la capitale paraguayenne, Asunción, pour ravager le Tribunal supérieur de justice électorale (TSJE), soit l’instance suprême du pays en la matière. Dans ce gigantesque brasier, les milliers d’urnes électroniques qui y étaient stockées ont également été réduites en cendres… en ne pouvant désormais plus servir à la primaire interne du 18 décembre prochain des grands partis politiques, ni à l’élection présidentielle prévue en avril 2023.

Selon Jaime Bestard, président de cet organe judiciaire, environ « 8.500 urnes électroniques et leur matériel électoral » sont parties en fumée, conduisant à la création immédiate d’un « comité de crise » pour enquêter sur les causes de cet incendie, contre lequel 300 pompiers ont lutté en vain pendant près de six heures. En vain, puisque tout a brûlé à l’intérieur, et que le bâtiment devra certainement être démoli.
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Hommage au réverbère anonyme…

Chacun conviendra certainement que la vie d’un réverbère est plutôt chiante. Fabriqués en série dans de mornes usines, figés dans le béton et étouffant sous les pots d’échappement, couverts de slogans généralement insipides, comment voulez-vous qu’ils parviennent à reprendre leur vie en main ? D’autant plus que leurs concepteurs leur ont assigné depuis la nuit des temps la vile tâche de seconder les flics dans la préservation de la paix sociale.

Certes, il paraît que l’un d’entre eux réussit parfois à se gondoler au prix d’efforts inouïs, afin d’offrir son mât salvateur aux mains titubantes d’un humain sur le point de chuter. Tout comme il se dit qu’un autre aurait été aperçu en train de se rigidifier outre mesure en riant sous cape, afin de mieux accueillir le crâne d’un zombie absorbé par sa laisse électronique. Ou qu’un autre encore aurait préféré suicider ampoule et caméra inopportunes, plutôt que d’aider les uniformes à attraper leur proie. Mais somme toute, ces exemples restaient plutôt rares sans intervention extérieure, et les urbanistes affirmaient jusque-là qu’ils relevaient surtout de la légende, avant qu’un de ces réverbères ne décide récemment de passer à l’action du côté de Pontoise (Val-d’Oise).
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Vosges : à Gerardmer-la-non-potable comme ailleurs…

Depuis juillet, avec la sécheresse en cours, de plus en plus de villages ont recours à plusieurs allers retours hebdomadaires de camions-citernes pour approvisionner leur territoire en eau, qu’ils se trouvent à l’Est ou au Sud de l’hexagone. La situation ne s’améliorant évidemment pas avec l’arrivée du mois d’août, les interdictions et limitations préfectorales d’usage de l’eau sont en train de se multiplier un peu partout, avec les habituelles dérogations qui permettent aux golfs de continuer d’arroser leurs greens, aux producteurs de maïs d’irriguer leurs champs agro-chimiques sous le soleil brûlant, ou aux usines de pomper tout leur saoul pour continuer d’empoisonner la planète. Avec en tête de file les habituelles métallurgie, chimie, raffineries de pétrole et autres fabriquants de pâte à papier. Et ce, sans oublier bien sûr l’énergie nucléaire, puisque quatre centrales (Bugey, Golfech, Blayais, Saint-Alban) ayant atteint le seuil maximal de température pour leurs rejets thermiques dans les cours d’eau  (devant normalement conduire à leur arrêt temporaire), viennent d’être autorisées de façon dérogatoire à augmenter encore la température des eaux rejetées dans les fleuves et les rivières, malgré les ravages supplémentaires provoqués sur leur faune et leur flore. Soit un nouvel exemple de comment l’énergie nucléaire contribue elle aussi au réchauffement de la planète (à Saint-Alban, la centrale nucléaire ajoute ainsi + 3° C dans le Rhône, entre l’amont et l’aval de ses réacteurs).

Mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin et ne pas aller plus loin encore, en expérimentant par exemple de nouvelles techniques autoritaires de rationnement d’eau aux habitants, afin que le dispendieux complexe techno-industriel puisse de son côté continuer d’avancer coûte que coûte vers le gouffre ?
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Pôle Emploi resserre ses mailles technologiques

Lille, 25 mars 2021

Heureux bénéficiaires d’un compteur électrique dit « communicant » (de type Linky) branché à domicile ! Heureux possesseurs d’un traceur permanent en poche, plus connu sous le nom de téléphone portable ! Vous saviez déjà que ces dispositifs technologiques permettent aux autorités trop curieuses d’estimer, pour l’un, à quelles heures un logement est occupé (ou pas) et s’il héberge par exemple des hôtes supplémentaires. Pendant que l’autre leur offre gratos chaque déplacement par géolocalisation, en plus d’espionner les conversations de son détenteur. Mais pourquoi réserver le privilège du contrôle social aux seuls flics en uniforme, alors qu’un paquet d’autres larbins se pressent régulièrement au portillon pour en resserrer les mailles ?

Prenez Pôle Emploi par exemple, ces flics du travail toujours en quête de précieuses informations pour priver à qui mieux mieux les allocataires de leurs propres cotisations (ne serait-ce qu’en matant l’adresse IP de leur actualisation mensuelle). A l’occasion du vote de la Loi de finances pour 2021, c’est ainsi qu’un petit amendement a été glissé dans le chapitre Travail et emploi, au cours de la navette entre l’Assemblée et le Sénat. Un simple numéro anodin de départ, qui s’est finalement transformé en l’article 268 de cette loi promulguée le 29 décembre 2020, entre les rôts de Noël et du Nouvel An. Un truc de quelques lignes, dont la portée a éclaté il y a quinze jours, à l’occasion de la parution tardive de son décret d’application au Journal Officiel.
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Un panache de fumée noire

Sassenage (Isère), nuit du 18 mai 2022. Les ateliers de production de « Précis Mécanic », fournisseur de l’industrie de guerre et autres nuisances technologiques, partent en fumée…

Un panache de fumée noire

C’était il y a deux mois pile. Dans la nuit du 17 au 18 mai 2022, peu avant minuit, un gros panache de fumée noire s’élevait au-dessus de Sassenage (Isère). Un grand brasier était en train de dévorer des centaines de mètres carrés dans une zone industrielle située au nord-ouest de Grenoble. D’importants moyens étaient alors déployés sur place, mais les pompiers ne réussiront à sauver que les locaux administratifs de l’entreprise, ainsi qu’un dépôt de stockage. L’atelier de production, lui, a été complètement détruit. Les 40 ouvriers qualifiés et ingénieurs employés par la boîte ont été mis au chômage technique en attendant le redémarrage de la production sur un autre site.

Si la presse n’a pas recouvert cet incendie nocturne d’un pudique voile de silence, elle n’a pas pour autant regardé plus loin que le panache de fumée qui s’est élevé cette nuit-là au-dessus de la cuvette grenobloise. C’est peut-être parce le nom de l’entreprise ravagée par les flammes n’est pas particulièrement évocateur. Et en effet, on ne peut pas leur donner tort : « Précis Mécanic » ne semble pas être un nom pensé pour attirer l’attention. Pourtant, sur les carnets de commande de cette PME de mécanique de précision et d’usinage qui a fêté en 2016 ses cinquante années d’existence, figurent des noms bien connus de l’industrie technologique : Schneider Electric, Siemens, Orano, Bosch, JST Transformateur. Et c’est encore sans mentionner les services que Précis Mécanic a déjà rendus à l’industrie militaire, un mérite dont elle se vante sur son propre site : « réalisation de paniers à carte, coffrets ou niches pour cartes électroniques embarquées dans les sous-marins nucléaires et les avions de chasse. »
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Le diable se cache parfois dans les détails

En cette saison caniculaire de sécheresse, il n’est pas rare que des incendies se déclarent ici ou là dans des environnements dits naturels. C’est ainsi qu’aux environs de Jazeneuil (Vienne), deux petits champs de blé ont pris feu, donnant lieu à un entrefilet dans un torchon local. Bon, pour commencer, non seulement cela s’est produit en pleine nuit, celle de samedi au dimanche 3 juillet, mais aussi sur deux surfaces agricoles éloignées de plusieurs kilomètres, route de Sanxay et route de Rouillé. Ce qui n’a pas manqué d’éveiller notre curiosité. Peut-être quelqu’un.e de véner contre le proprio-paysan du coin, s’est-on alors dit, par exemple parce qu’il déverse des pesticides dans la rivière ou juste parce qu’il le vaut bien, allez savoir ?

Sauf que Jazeneuil n’est pas n’importe quel petit village, pour qui a un peu de mémoire, puisque c’est là qu’une chaleureuse contestation s’oppose depuis un an à un nouveau projet d’éoliennes industrielles mené par l’entreprise RES. En juin 2021, des pneus avaient ainsi été incendiés au pied d’un mat de mesure, puis en septembre ce sont des tags contre ce projet qui avaient fleuri sur la façade de la mairie et une dizaine de maisons, avant que parte en flammes un radar de mesure (Lidar) début décembre, en retardant le futur chantier éolien de plusieurs mois.
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Introduction à la cartographie de l’industrie locale de l’armement et de ses points faibles

Note du traducteur·ice : cet article est la traduction d’un article paru en allemand sur le site ruestungsindustrie.noblogs.org. Bien qu’il s’inscrive dans le contexte de l’Allemagne, il a été traduit dans l’idée de servir d’inspiration à des recherches similaires dans d’autres contextes, notamment en France.


Pourquoi est-il nécessaire de procéder à une analyse minutieuse de l’industrie de l’armement avec tous ses fournisseurs, sa logistique, ses financeurs, ses chercheurs et ses lobbyistes ? Ne suffit-il pas de savoir où se trouvent les principaux fabricants d’armes et d’équipements de guerre pour pouvoir les attaquer ? Comme la campagne « Disarm Rheinmetall » par exemple, qui a décidé, du moins en principe, de concentrer son opposition à l’industrie de l’armement sur l’une des plus grandes entreprises d’armement d’Allemagne, le groupe Rheinmetall ? Bien sûr, ce serait une grande victoire de réussir à détruire les grandes entreprises d’armement dont l’activité principale tourne autour des armes et du matériel de guerre, mais si l’on est réaliste un instant, les installations d’entreprises telles que Rheinmetall, Krauss-Maffai Wegmann, Heckler & Koch, DIEHL Defence, Airbus, etc., blindées de barbelés, surveillées par des caméras et contrôlées par des patrouilles de sécurité, n’offrent qu’un champ d’action marginal pour des sabotages et des attaques (précises). Certes, ce sont les producteurs de chars, d’avions de combat, de mitrailleuses, de missiles et de bombes qui nous font particulièrement horreur, qui produisent le plus visiblement le matériel utilisé pour les meurtres, les génocides et les massacres perpétrés ailleurs dans le monde. Ce sont toujours ces producteurs qui suscitent les contestations sociales, mais uniquement parce que l’industrie de l’armement a à moitié réussi à cacher le reste de sa structure, de sa logistique et de ses profiteurs. En tant qu’antimilitaristes et anarchistes, nous ne devons pas tomber dans ce piège.

Une analyse minutieuse de l’industrie de l’armement, révélant ses réseaux, ses enchevêtrements, ses fournisseurs, sa logistique, ses chercheurs et ses lobbyistes, sans oublier ses financeurs, peut d’une part montrer à quel point la technologie et la production sont étroitement liées à la guerre, et contrer le mythe selon lequel toute entreprise (d’armement) peut simplement être « désarmée » et produire des biens civils pour la prospérité générale. D’autre part, une telle analyse peut également mettre en évidence les points faibles où le sabotage et les attaques sont possibles à un niveau beaucoup plus modeste, où il n’est pas nécessaire d’escalader les clôtures de barbelés, de tromper les caméras et, enfin, de déjouer le personnel de sécurité avant même de se trouver dans les vastes locaux de l’un des sites de production du meurtre organisé. Et pourtant, les attaques sur ces points faibles peuvent avoir exactement le même impact, à savoir l’immobilisation d’installations de production et/ou la destruction de matériel de guerre manufacturé avant même qu’il n’atteigne l’un des champs de bataille de ce monde. Lire la suite

Munich (Allemagne) : Chasser les politiciens de la lutte contre la destruction de l’environnement ?

traduit de l’allemand de de.indymedia, 19 janvier 2022

En ce moment, il semble en vogue de surfer sur la vague des protestations contre la destruction de l’environnement, et surtout contre le changement climatique, en compagnie de politiciens, de scientifiques, d’industriels et de toutes celles et ceux qui aspirent à le devenir. Il s’agit avant tout de se faire mousser ici et là en tant que porte-parole, de se mettre en scène avec des actions médiatiques et symboliques, ainsi qu’avec un radicalisme verbal s’exprimant dans les médias en n’hésitant pas à casser du sucre sur d’autres. Et particulièrement lorsque des individus décident de ne pas participer à ce ridicule jeu politique pour plutôt attaquer là où la destruction de l’environnement se déroule effectivement, là où l’attaque ne se dirige pas juste contre quelques simples clichés diabolisés, mais touche aussi l’ensemble des hypocrites qui savent si bien se présenter comme “sympathisant-e-s du climat”. En réalité, alors que l’environnement se fait défoncer plus durement que jamais, ils et elles sont prêt-e-s à se jeter dans la brèche pour condamner ces attaques, déclarer qu’elles vont dans la mauvaise direction, en s’exerçant à la dénonciation.

L’exemple le plus récent a eu lieu il y a quelques jours autour de “la forêt de Kasten” à Munich. Auparavant, il y avait déjà eu des protestations autour de cette forêt qui doit (devait) être abattue pour faire place à une gravière. Des initiatives citoyennes locales, une occupation de forêt organisée principalement par des activistes du milieu d’extrême-gauche, et qui a à chaque fois été expulsée de manière spectaculaire par le SEK (Commandos d’intervention spéciaux de la police) peu après que des personnes aient grimpé dans les arbres, ce qui semble avoir aussi été dans l’intérêt des activistes.
Lorsque, au début de l’été 2021, le courant a été volontairement coupé dans l’Est de Munich, les auteur-e-s de l’attaque ont aussi déclaré que parmi d’autres raisons telles que le sabotage de la grande entreprise d’armement Rohde und Schwarz, la décision du conseil municipal d’abattre la forêt de Kasten, les avait aussi poussé à l’action. En outre, en août 2021, une bande transporteuse a également brûlé précisément dans la gravière qui, mètre carré par mètre carré, arrache déjà littéralement le sol sous la forêt de Kasten. Hasard ? Mais aussi bien lorsque le courant a été coupé à l’Est de Munich qu’après l’incendie de la bande transporteuse dans la gravière qui a causé des millions de dégâts, certain-e-s de ces activistes et politicards qui s’étaient mis-e-s en avant médiatiquement lors des occupations de la forêt et des manifestations, se sont aussitôt empressé-e-s de déclarer à la presse qu’ils et elles n’avaient évidemment rien à voir avec cette sorte d’attaques, mais étaient pour des protestations pacifiques.
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Hausse du cours du sabotage d’antennes et de fibre optique !

Die Lust der Zerstörung ist zugleich eine schaffende Lust
Bakounine, 1842

Suite aux sabotages coordonnés du 28 avril dernier contre plusieurs tronçons de câbles de fibre optique du réseau hexagonal d’internet (notamment celui de SFR), la Fédération française des télécoms (FFT) qui réunit l’ensemble des grands opérateurs avait immédiatement fait feu de tout bois afin de tenter de minimiser leur impact, en mettant en avant la résilience des réseaux. Et ce, bien que des millions d’habitants de Grenoble, Besançon, Reims ou Strasbourg, sans compter ceux de la région parisienne et les dizaines de milliers d’entreprises, aient été temporairement privés de leurs laisses électroniques. C’était en somme une communication de crise de la FFT, destinée à rassurer les braves citoyens, tout en ne donnant surtout pas de mauvaises idées à celles et ceux que cette attaque pourrait inspirer, vu que les trappes de ces réseaux sensibles se trouvent un peu partout, et qu’il est bien sûr impossible de mettre un flic au pied de chacune d’entre elles.

Deux semaines plus tard, une fois l’orage passé, c’est à présent loin des projecteurs chauffés à blanc que le Président de la FFT a quelque peu changé son fusil d’épaule. Dans une longue interview alarmiste donnée à un journal économique spécialisé, La Tribune du mardi 10 mai, c’est en effet sous un titre éloquent (« Il faut durcir les sanctions pour les actes de vandalisme ») qu’Arthur Dreyfuss vient réclamer à grand cri « un fort durcissement des sanctions pénales pour qu’elles soient vraiment dissuasives » contre les saboteurs, vu que « l’enjeu n’est pas seulement de protéger les opérateurs, mais aussi toutes les activités les plus sensibles et essentielles du pays ». Et pour étayer son propos carcéral, quoi de mieux que de lever un coin de voile sur l’ampleur réelle des sabotages contre les réseaux de communication, en pointant cette fois leur nombre et leur caractère « criminel», notamment pour les activités étatiques « de sécurité ou de défense», qui sont effectivement très dépendantes de tous ces câbles ?
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De Spilamberto à Piancastagnaio (Italie) : feu aux antennes-relais

Spilamberto (Modène), nuit du 21 février 2022

A Spilamberto (province de Modène), et plus précisément près du lac dans le quartier de San Vito, les pompiers ont été appelés la nuit de dimanche à lundi 21 février vers 4h30 par des habitants de la zone pour éteindre un début d’incendie. Une fois sur place, ils ont bien dû constater que les flammes étaient en train de dévorer le mât d’un relais de téléphonie mobile en provoquant d’importants dégâts à la structure, vu qu’elles avaient déjà atteint son sommet en courant le long des câbles. Plusieurs compagnies de téléphonie ont bien entendu rencontré des problèmes de signaux dans la zone.

Quant aux carabiniers, ils ne se prononcent pas sur les causes de l’incendie, mais vu les circonstances, on serait presque tentés de leur suggérer un probable suicide de l’antenne – certainement lasse de servir le contrôle policier et sanitaire ou d’assister au télétravail, et peut-être même désireuse de suivre le sort de nombre de ses collègues en Italie comme un peu partout en Europe depuis quelques années. Lire la suite

La guerre commence ici

La guerre commence ici : paralysons son infrastructure,
là où nous le pouvons

traduit de l’allemand de zuendlappen, 9 février 2022

Il est difficile d’évaluer la situation actuelle en Ukraine d’un point de vue politique. Le tout ne relève-t-il que du traditionnel concours de bistouquettes de quelques militaires et politiques mégalomaniaques et va-t-en-guerre, ou la guerre va-telle effectivement advenir ? Ce texte [sorti deux semaines avant le début de l’invasion russe] laisse ces questions de côté pour plutôt se consacrer à celles qui, dans notre perspective, font plus sens : comment est-il possible de saboter un conflit militaire, une guerre, une éventuelle guerre de l’OTAN ? De par sa nature, ce texte ne peut tout au plus donner que quelques pistes et notre intention n’est absolument pas de présenter des solutions toutes faites, mais juste de poser quelques idées sur la table.

Nous publions ce texte sur internet, parce que nous voulons partager ces réflexions avec le plus grand nombre possible de compagnon-ne-s, avec lesquels il nous serait impossible de rentrer personnellement en contact pour discuter de ces questions. Nous pensons cependant que tout approfondissement (stratégique) de ce débat ne devrait pas avoir lieu sur internet, avant tout parce que cela sert à la répression et que cela n’aurait presque aucun avantage pour celles et ceux qui sont de toute façon déterminé-e-s à employer leur énergie créatrice pour mener plus loin quelques-unes des idées esquissées ici.

Pour certain-e-s, les informations présentées ici ne seront pas une nouveauté. En fin de compte, la majeure partie de tout cela est clair et bien connu. Nous pensons pourtant qu’il vaut la peine de se rappeler quelques détails de la logistique militaire qui, dans les débats autour de guerres lointaines, sont peut-être un peu passés à l’arrière-plan.
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En Bavière comme ailleurs…

Quand on est pompiers volontaires dans une petite ville bavaroise comme celle de Höchberg (en périphérie de Wurtzbourg), on ne s’est pas vraiment engagé pour descendre les petits chats coincés dans les arbres ou vider la caves inondées par la rivière Kühbach à force de bétonisation urbaine. Même s’il faut souvent faire avec. Non, quand on est pompiers volontaires –à Höchberg comme ailleurs–, on veut combattre du vilain feu au nom de l’ordre et de la sécurité. On veut éteindre de méchantes flammes en défendant le contrôle étatique et la prospérité du commerce.

Eh bien pour une fois, on peut dire qu’ils ont été servis. En tout cas ceux qui étaient de garde lors de leurs lendemains de cuite, puisque c’est le 2 janvier vers 3h50 que l’alarme a finalement retenti dans la caserne aux aguets. Après s’être rendus en bordure du village, du côté de la forêt de Zeller, ils n’ont donc pas été déçus en voyant une grande antenne-relais illuminer la nuit de ses flammes. Et si beaucoup d’honnêtes citoyens qui dorment sur leurs deux oreilles ignoraient jusque-là sa présence parmi les arbres majestueux, alors qu’elle leur rendait pourtant de fiers services en rempaillant une existence vide de sens, ce n’est certainement plus le cas depuis qu’ils sont déconnectés.

Quant à l’origine de cette combustion qui est tout de même partie des câbles du bas pour remonter le long du mât avant que les petits soldats du feu ne viennent gêner sa progression, elle reste bien sûr « d’origine inconnue » selon la police. Mais foi de pompiers volontaires, le coup de l’auto-combustion nocturne et spontanée de structures de télécommunication, on ne le leur fera pas ! Car pour une fois qu’il se passait quelque chose d’intéressant à Höchberg, ce serait en effet vraiment le comble…

(synthèse de la presse allemande locale, 11 janvier 2022)

Puisque le rouge leur va si bien

La petite ville de Gauchy (Aisne) et ses 5000 habitants paumés au milieu de la morne campagne picarde ne paie a priori pas de mine. En y regardant d’un peu plus près, c’est pourtant un patelin qui fait non seulement la fierté des braves ouvriers ayant élu des maires staliniens jusqu’en 2014 avant de se prononcer pour un ex-gendarme… mais également celle des friqués et des hommes de pouvoir qui trônent au sommet de l’État. Et pour cause, vu que la besogneuse commune abrite en même temps l’usine de parfums de luxe du groupe L’Oréal en partance pour le monde entier, et une seconde qui réserve ses effluves aux plus pauvres de la planète, en y répandant une odeur de sang, de guerre et de mort.

Cette dernière se nomme Hazemeyer, modeste PME d’une centaine d’exploités devenue filiale du groupe Comeca, dont la spécialité est la construction apparemment anodine d’énormes armoires à basse tension pesant parfois plusieurs tonnes. Il ne s’agit cependant pas de n’importe lesquelles –sinon pourquoi concevoir, découper et plier sur-mesure la tôle de ces équipements électriques, avant d’assembler chacun de leurs milliers de câbles manuellement avec autant de minutie ?–, puisqu’elles équipent des navires de guerre de l’armée française, des complexes et plateformes pétrochimiques (Total, Arkema, Solvay ou Exxon), des centrales nucléaires et centres de recherche d’EDF, ainsi que de nombreux data centers récemment inaugurés (ceux des banques Société Générale et Crédit Agricole ou une partie des 230 du géant Equinix).
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