
une bande armée de travelos qui voulaient en découdre, Trans ultra violence, octobre 2024, 16 p.
Soyons clairEs : Nous sommes des anarchistes queers et criminels, et ce monde ne nous suffit pas, et ne nous suffira jamais. Nous voulons anéantir la morale bourgeoise et réduire ce monde en poussière. Nous sommes là pour détruire ce qui nous détruit.
Mary Nardini Gang, Intimité Criminelle
TRANS ULTRA VIOLENCE
Samedi 5 octobre, tout un emballement médiatique a eu lieu autour d’une action initiée par l’AG Antifa Paname pour tenter d’interrompre la journée de dédicaces de Stern et Moutot et de tous leurs amis fascistes. Interceptées par un déploiement massif de la BRAV-M avant de pouvoir s’approcher de la péniche où avait lieu la sauterie transphobe, 63 personnes ont été interpellées et une cinquantaine ont été mises en garde à vue par les keufs – une personne dort actuellement en taule suite à la détention provisoire prononcée par un chien de juge tandis qu’une autre va devoir pointer au commissariat dans le cadre d’un contrôle judiciaire.
Tout de suite, la préfecture et le parquet ont joué les enchères de la meilleure histoire à raconter aux journaleux de préfecture : 64 antifas masquées ont été arrêtées en possession d’armes blanches et d’explosifs ! Les exagérations par le biais qualifications juridiques sont routinières et attendues : en effet, certaines personnes sont venues équipées de matraques télescopiques, de fumigènes, de mortiers d’artifice, de pétards, d’œufs de peinture ou d’un opinel (qu’il traînait au fond d’un sac ou qu’il fut destiné à un faf, on ne le saura jamais…). Évidemment, tout le monde s’était masquée ou cagoulée ; on aura cependant évité le dramatisme du dress code black bloc, l’antifascisme étant semble-t-il la tendance fashion de la rentrée. Ce banditisme vestimentaire est allé arracher leurs meilleures larmes aux transphobes du weekend : Stern comme Moutot n’ont eu de cesse de chouiner dans d’innombrables tweets sur les (valides et légitimes) menaces de mort et atteintes à leur vie, ou la récente annulation de leur événement versaillais.
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Une vie passée devant le trou de la serrure n’est-elle pas bien misérable ? Une vie à lorgner ce que les autres font, à écouter en cachette ce que les autres disent. Une vie de voyeurs, qui s’évertuent à arracher des morceaux d’autres existences, de personnes qu’ils ne sont même pas en mesure de connaître dans leur complexité, mais dont ils violent l’intimité sans aucun scrupule. Il y a ceux qui le font derrière un buisson, ceux qui le font avec l’aide d’un micro caché, ceux qui le font planqués derrière un écran. Et il n’est pas dit que les premiers soient les pires. Au moins, leur passion n’est-elle pas exempte de risques. Pour la satisfaire, ils mettent presque toujours leur peau en danger. Mais que dire des autres, de ceux qui doivent presser un simple bouton et installer une antenne pour envahir en toute tranquillité les émotions et les sensations de leurs cibles ? 


Les rats de bibliothèque qui tomberaient sur les dossiers de l’Archive d’Etat à Rome pourraient bien faire une découverte plutôt bizarre. Dans un des dossiers sur Paolo Schicchi, ils se retrouveraient à un certain moment avec une des premières pages d’un vieux numéro de L’Adunata dei Refrattari, hebdomadaire anarchiste publié à New-York, comportant un trou au milieu, de forme carrée. Eh ?! Qu’est-ce que c’est que ce truc ? La réponse se trouve dans le document suivant, un papier de la police fasciste de l’époque. L’Adunata avait publié une photo récente de l’anarchiste sicilien, alors en vadrouille à travers l’Europe pour tramer contre Mussolini. Parce que la photo de Schicchi présente dans les archives de la préfecture de police était plutôt vieille, remontant à la fin du siècle précédent, il avait été demandé de procéder à la reproduction immédiate de celle publiée dans le journal anarchiste. Des centaines et des centaines de copies de cette photo (dont plusieurs exemplaires se trouvent dans ce même dossier) ont donc été imprimées pour les distribuer aux infiltrés, balances et nervis du régime dispersés à travers tout le vieux continent. Un truc de dingue ! La police fasciste n’avait pas le signalement de Schicchi, et ce sont les anarchistes qui le lui ont fourni ! Merde, quelle erreur terrible ! Il ne nous semble pas que l’arrestation de Schicchi en 1930 soit attribuable à cette photo, mais en vrai, l’Adunata aurait pu se passer de ce coup là.


