Note du traducteur·ice : cet article est la traduction d’un article paru en allemand sur le site ruestungsindustrie.noblogs.org. Bien qu’il s’inscrive dans le contexte de l’Allemagne, il a été traduit dans l’idée de servir d’inspiration à des recherches similaires dans d’autres contextes, notamment en France.
Pourquoi est-il nécessaire de procéder à une analyse minutieuse de l’industrie de l’armement avec tous ses fournisseurs, sa logistique, ses financeurs, ses chercheurs et ses lobbyistes ? Ne suffit-il pas de savoir où se trouvent les principaux fabricants d’armes et d’équipements de guerre pour pouvoir les attaquer ? Comme la campagne « Disarm Rheinmetall » par exemple, qui a décidé, du moins en principe, de concentrer son opposition à l’industrie de l’armement sur l’une des plus grandes entreprises d’armement d’Allemagne, le groupe Rheinmetall ? Bien sûr, ce serait une grande victoire de réussir à détruire les grandes entreprises d’armement dont l’activité principale tourne autour des armes et du matériel de guerre, mais si l’on est réaliste un instant, les installations d’entreprises telles que Rheinmetall, Krauss-Maffai Wegmann, Heckler & Koch, DIEHL Defence, Airbus, etc., blindées de barbelés, surveillées par des caméras et contrôlées par des patrouilles de sécurité, n’offrent qu’un champ d’action marginal pour des sabotages et des attaques (précises). Certes, ce sont les producteurs de chars, d’avions de combat, de mitrailleuses, de missiles et de bombes qui nous font particulièrement horreur, qui produisent le plus visiblement le matériel utilisé pour les meurtres, les génocides et les massacres perpétrés ailleurs dans le monde. Ce sont toujours ces producteurs qui suscitent les contestations sociales, mais uniquement parce que l’industrie de l’armement a à moitié réussi à cacher le reste de sa structure, de sa logistique et de ses profiteurs. En tant qu’antimilitaristes et anarchistes, nous ne devons pas tomber dans ce piège.
Une analyse minutieuse de l’industrie de l’armement, révélant ses réseaux, ses enchevêtrements, ses fournisseurs, sa logistique, ses chercheurs et ses lobbyistes, sans oublier ses financeurs, peut d’une part montrer à quel point la technologie et la production sont étroitement liées à la guerre, et contrer le mythe selon lequel toute entreprise (d’armement) peut simplement être « désarmée » et produire des biens civils pour la prospérité générale. D’autre part, une telle analyse peut également mettre en évidence les points faibles où le sabotage et les attaques sont possibles à un niveau beaucoup plus modeste, où il n’est pas nécessaire d’escalader les clôtures de barbelés, de tromper les caméras et, enfin, de déjouer le personnel de sécurité avant même de se trouver dans les vastes locaux de l’un des sites de production du meurtre organisé. Et pourtant, les attaques sur ces points faibles peuvent avoir exactement le même impact, à savoir l’immobilisation d’installations de production et/ou la destruction de matériel de guerre manufacturé avant même qu’il n’atteigne l’un des champs de bataille de ce monde. Lire la suite